Dominique, Pierre, Christophe, Etienne, Pierre-Simon, Grand Jacques et Laurent.
Belle soirée d'anniversaire hier soir à l'Albert 1er de la famille Carrier à Chamonix, l'hôtel où le GJE a été invité pour deux sessions mémorables et dont la cuisine ** Guide Rouge est toujours au top.
Le Krug 89 était la définition même d'un champagne vineux, avec juste ce qu'il faut d'évolution pour vous apporter un plaisir quasi sensuel. Nous avons été très sages.
Comment disent-ils déjà chez Krug ? "Krug commence là où les autres finissent" ! Parfois, c'est juste :-)
Monsieur Christian Martray, dit "petit tonneau", dit "ptit' rouge" n'était pas là. Son souci de vérifier les lois de la gravitation universelle avec une bouteille de champagne dans chaque main, en situation périlleuse de descente d'escalier s'étant terminé par un vol plané de toute beauté (qui, heureusement, ne s'est traduit que par quelques bleus délicatement placés) lui a imposé de garder une position horizontale pour quelques jours de dorlotement chouchouté. Nous pensons à lui :-)
Le personnel de l'Albert 1er est toujours aux petits soins, et rien n'est plus agréable que de le retrouver, des années après, avec ces attentions délicates qui sont la marque des grandes maisons.
Auparavant, un stop chez Dominique Belluard, un puriste du vin nature comme j'en ai rarement rencontré. Je reste plus que jamais enthousiasmé par son Gringet qui demande impérativement de 3 à 5 ans au moins pour atteindre sa plénitude, et on attendra patiemment sa mondeuse qu'il compte élaborer dans des jarres comme celle-ci :
Nos ancêtres, les romains…
Sa cuvée "Le Feu" fait définitivement partie des grands vins blancs de France, tant sa complexité aromatique est unique et sa longueur d'anthologie. Le 2006 que nous avons dégusté à l'Albert 1er en était une preuve évidente. Fini le bois, vinification dans ces oeufs qu'on avait vu chez Peter Sissek à Pingus (€ 3.500 pièce, quand même), maximum 30 mg de soufre total, le vigneron n'étant pas totalement satisfait - pour le moment - de sa cuvée sans soufre "pur jus" , la référence absolue en la matière étant, pour lui, Jean-François Ganevat (Jura, à Rotalier).
Dominique Belluard et ses oeufs en simple ciment, aux propriétés étonnantes
Dominique Belluard doit être un exemple pour beaucoup de vignerons. En effet, il cumule le maximum de désavantages : une AOC secondaire, sinon tertiaire (sauf naturellement pour les cognoscenti); des vignes à haute densité nécessitant un travail physique assez dingue, vu les pentes des meilleurs terroirs; un emploi du temps dévoré par les travaux à la propriété, ne permettant que de rares escapades ailleurs ou en opérations de promotion; des banquiers en quête permanente de rendements de plus en plus immédiats; pas mal de machines à entretenir; un personnel plus important qu'ailleurs, etc…
Et pourtant l'homme est heureux. il vit bien de son métier, dégage des marges peut-être pas encore à l'optimum, et a une totale confiance en l'avenir. Son réel capital est incontestablement une clientèle fidèle qui le suit et le suivra encore longtemps, tel ce caviste ligérien rencontré hier soir, et qui vend très bien ces vins savoyards en pays de Loire. On l'a toujours écrit ici : si un vigneron fait très bon à prix correct, et particulièrement avec les facilités de communication du net, il doit trouver assez vite une clientèle particulière qui lui permet de vivre décemment de son travail.
Etienne Klein, amoureux de Chamonix qu'il pratique été comme hiver, nous a ébauché le sujet de sa prochaine intervention au WWS à Villa d'Este en novembre prochain. Il a cette rare capacité d'expliquer en mots simples - sans simplisme - des choses scientifiques qui garderont, pour les zozos que nous sommes, une magie impénétrable tant l'alpha et l'omega de ses démonstrations déroulent des concepts, des équations, des formules, un environnement matheux et philosophique qui nous laissent baba. Il faut voir ses yeux s'illuminer quand il nous conte les découvertes fantastiques en devenir au CERN avec cette nouvelle machine à milliards qui tourne nickel-chrome !
Il nous a raconté Laplace, ce scientifique français incroyable, tant ses découvertes à l'époque de Napoléon, étaient en avance sur son temps. Lecture faite sur Wikepedia (ICI), ce bel homme a anticipé les trous noirs et a défini 5 points dans notre système solaire où les diverses forces d'attraction s'annulent à la perfection. Et tant d'autres choses !…
Pierre Simon de Laplace
On a ensuite évoqué quelques fondus alpinistes comme Christophe Profit, un ami personnel et compagnon de cordée de Pierre Carrier, dont les capacités physiques et surtout mentales leur ont permis des exploits hallucinants. Voilà beaucoup de héros discrets, souvent inconnus, à côté de quelques noms qui ont réussi à financer leur passion par une communication en médias qu'il n'y a aucune raison de rejeter sous quelque fallacieux principes de "pureté", quand bien même parfois ce peut être limite. Il faut bien vivre.
Le Grand Jacques a un peu rempli son petit carnet noir. Le Petit Vialette, notre Averell GJE, a sagement fini ses assiettes sans demander du rab (il sait se tenir), mais il n'a pas montré un enthousiasme excessif sur le Reccioto della Valpolicella qui nous fut offert sur le dessert : bon, il est encore un peu jeunot pour ce type de vin de méditation !
Mon meilleur pâté én croûte de l'année, sans hésitation !
Notre tablée du jour
Un petit mot en finale pour souligner la rare pureté d'un très beau Fleurie choisi sur la carte de Christian Martray* par mes deux zozos du GJE : le Domaine Jules Desjourneys de Fabien Duperray. Michel Bettane m'en avait parlé. Là, en situation, il était la définition même d'un vin sans problème : il s'effaçait devant ses propres qualités. Nécessité un passage en carafe.
* si vous n'êtes pas loin de Chamonix, suivez de près les manifestations régulièrement organisées par l'Albert 1er autour d'un Domaine viti-vinicole, avec la présence de son propriétaire. ICI