Les minustres du gouvernement

Publié le 25 février 2011 par H16

Aujourd’hui, c’est vendredi et comme la semaine fut rude et bien remplie, je vous propose de vous détendre avec un passage en revue des dernières pignoles de quelques uns des minustres du gouvernement. Pour rappel et comme évoqué ici, un minustre est un secrétaire d’état ou ministre qui n’est pas à la hauteur. Comme on va le voir, c’est devenu très banal de nos jours…

Minustres incultes

On pourrait par exemple commencer avec le constat, très souvent renouvelé, de la pauvreté culturelle assez sidérante de nos élites en charge des principaux portefeuilles de la nation. Là où, de nos jours, toute la complexité d’un pays se doit d’être appréhendée par des gens aux capacités intellectuelles affûtées, où la technologie, les sciences et les chiffres sont de plus en plus importants, on nous fournit pourtant des gratte-papiers et des ronds-de-cuir grossièrement lettrés, dont les capacités d’abstraction sont à peu près nulles.

Regardez dans l’hémicycle, observez les leaders de partis, de syndicats, d’associations militantes : aucun ne prétendra, à de très rares exceptions près, avoir une quelconque maîtrise d’une science un peu moins molle que celle de la politique. L’économie n’est pour eux qu’un salmigondis de sophismes jetés les uns contre les autres, la médecine ou la chimie sont essentiellement des affaires de lobbying, la physique un vaste terrain inexploré, et les mathématiques une Terra Incognita à la jongle impénétrable aux lianes touffues, dans lesquelles viennent se prendre les pieds des plus aguerris.

On se souvient d’un Besancenot incapable de faire une simple multiplication.

On découvre, récemment, notre minustre de l’Agriculture, inculte en matière de récoltes de fruits, en races bovines, en matériel vinicole, ce qui, finalement, pourrait se comprendre, et ignare en matière de mesures essentielles : Bruno Lemaire ne sait pas ce qu’est un hectare (la surface carrée de 100m de côté, soit 10.000m²).

Soyons bien clair : c’est juste parfaitement inadmissible. Cette notion est normalement enseignée dans le primaire, elle est la base pour toutes les mesures d’aire dans l’agriculture et devrait constituer le minimum vital, avec le quintal et l’hectolitre, des notions pour tout ministre de ce maroquin qui se respecte.

Manifestement, nous avons donc un imposteur au poste, que nous payons à grands frais. Électeurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Minustres inutiles

Dans cette catégorie, on pourrait en ranger beaucoup. Force est de constater que chaque semaine, nos frétillants clowns à Ministère échangent leur place dans l’Alcôve des Inutiles. Il y a souvent bousculade, mais parfois l’un ou l’autre se hisse au-dessus de la masse grouillante de ses collègues pour montrer sa tête et ses épaules et clamer, à la face du monde, toute son appétence pour les grands mouvements oratoires vains.

Cette semaine, c’est Valérie Pécresse qui s’y colle de bonne humeur. Comme on ne parlait pas d’elle, elle a décidé de lancer un vrai sujet national d’ampleur, une réflexion à la fois profonde et réclamée par une population palpitante à l’idée de pouvoir enfin aborder sérieusement le sujet : les soirées étudiantes trop arrosées.

Oui.
Certes, il y a des révolutions majeures au Maghreb et au Moyen-Orient.
Certes, il y a un problème de chômage catastrophique dans le pays.
Certes, la formation et l’instruction des jeunes laisse à désirer.
Certes, la crise financière couve toujours.
Certes, depuis la nuit des temps, les jeunes tout juste adultes se bourrent la gueule comme dans un rite de passage, et il n’existe que très peu de civilisations qui se sont affranchies de cette observation.

Mais bon : Pécresse, c’est du lourd, du solide et du mûrement réfléchi. Elle va donc dans le même temps réclamer « une loi pour ça » tout en déconseillant toute interdiction. Cohérence de l’action politique.

Moyennant quoi, il faudra bientôt faire des déclarations préalables pour toute fête étudiante, tout week-end d’intégration. On peine à voir en quoi ces lois bricolées entre deux actualités chaudes vont permettre de responsabiliser les jeunes adultes concernés, ou leurs parents, ou les deux.

Minustres dispendieux

C’est, de loin, la catégorie la plus fournie. Tous sont en effet capables de mobiliser des sommes colossales dans le but de satisfaire leurs egos surdimensionnés, ou, plus rarement, pour brosser quelques électeurs dans le sens du poil.

Tous coûtent de plus en plus cher à la Nation : ayant le pouvoir, ne payant quasiment aucun de leurs frais, on pourrait supposer qu’ils pourraient se passer d’un salaire. Mais non : ils ont à la fois le salaire et les notes de frais, ce qui donne une idée de l’extensibilité des dépenses publiques lorsqu’il s’agit de canapés et de petits fours (sans parler de cuisses légères et de boissons qui pétillent).

Et cette semaine, c’est François Fillon qui s’y colle : on apprend en effet que le calme notable de province fait ses voyages privés avec le Falcon républicain, au prétexte que sécuriser le TGV provoque trop de désagréments pour les passagers, et que le voyage en voiture est trop long.

Il est clair que si la facture du Falcon (27.000 € par voyage) était envoyée à notre ami François, nul doute que celui-ci préféreraient le trajet un peu plus long mais ô combien moins cher en voiture. Pour rappel, cette somme brûlée en kérosène pendant un week-end peut faire vivre un smicard pendant 1 an, toutes cotisations incluses. A la fin de l’année, en comptant 30 de ces week-ends aéroportés, on fait donc vivre cette même personne jusqu’à sa retraite.

Là encore, le doute n’est pas permis : le minustre, qui devrait montrer l’exemple et s’imposer autant la rigueur qu’aux autres, se paye notre tête. Électeurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Minustres à la morale élastique

La morale élastique, c’est indispensable dans une République Assez Reprochable. Tout comme les pampers qui utilisent les vertus des rubans caoutchoutés pour éviter les fuites là, la morale élastique permet d’éviter les cas de conscience ici et là et un peu là aussi. Mais avec la multiplicité des réseaux sociaux, cela n’évite cependant pas les fuites.

Cette semaine, comme la semaine précédente, et les deux ou trois semaines encore avant, c’est Michèle Alliot-Marie qui se place dans le peloton de tête des élus à morale élastique.

Oh, certes, il y a très clairement un acharnement journalistique bien pratique, probablement lancé par quelque adversaire de son propre camp de socialistes camouflés, pour dézinguer la matrone.

On trouverait sans nul doute (à commencer par Guigou) exactement les mêmes accointances et les mêmes pratiques dans l’autre camp, celui des socialistes officiels : il n’y a pas à fouiller longtemps pour découvrir que la plupart de nos politiques ont souvent passé leurs vacances dans l’un de ces pays jadis dictatoriaux, et ont profité des largesses des dirigeants du crus (ou de leurs amis)…

Mais il n’en reste pas moins que la multiplication d’affaires consternantes sur MAM et ses déclarations lamentables la portent naturellement en pôle position des minustres officiellement corrompus.

Je dis « officiellement », parce qu’officieusement, on chuchote déjà que Patrick Ollier, minustre en charge des relations avec le Parlement et compagnon de MAM, ne serait pas tout blanc non plus.

Cette liste, aussi édifiante soit-elle, n’est pourtant pas exhaustive.

A titre de jeu (c’est vendredi, c’est casual-friday, allons-y) je vous propose d’ajouter, en commentaires, les autres ministres et leurs casseroles.

Et bien sûr, électeurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire.