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Il pleut des vaches...

Publié le 25 février 2011 par Gommette1

Chaque année, le bon peuple français tout entier (enfin presque…) commémore la ruralité fantasmée d’une nation alanguie dans la nostalgie des Trentes Glorieuses. Le Salon de l’Agriculture, qui va fermer ses portes, cristallise en effet le malaise d’un pays conservateur et schizophrène enferré à vouloir défendre son modèle « social et culturel », à s’exténuer à l’exporter… tout en rejetant la mondialisation !

Ce rendez-vous de la paysannerie qui représente désormais la portion congrue de la population (moins de 10%) stimule l’appétit démagogique des politiciens en campagne qui font la queue pour souiller leurs escarpins dans la bouse, se forcer à manger des fromages gras et des saucissons à l’ail, à sourire aux caméras et à jurer qu’ils sont tous là pour sauver la cause paysanne coûte que coûte. Au prix d’ailleurs de nouvelles subventions qu’ils n’hésiteront pas à dégainer une fois qu’ils seront aux affaires : les élections arrivent, ça ne mangent pas de pain blanc de dire tout et n’importe quoi…

L’agriculture française qui se montre sous ses beaux atours Porte de Versailles, recule inexorablement avec une productivité qui stagne depuis dix ans : deuxième exportatrice mondiale en 1997, elle est tombée à la quatrième place, dépassée par des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas en Europe, loin des Etats-Unis ou du Brésil (un pays qui est aujourd’hui numéro 1 mondial pour le jus d’orange, le café, le sucre, le tabac, le boeuf, le poulet…) En cause, un « modèle français » basé sur une diversité brouillonne et peu lisible à l’heure de la globalisation, et un traitement corporatiste des aides et des investissements par des politiciens sans vision qui, par manque de courage et de temps, n’anticipent rien, mais jouent les pompiers avec le chéquier de l’Etat à chaque crise.

Pourtant, l’agriculture a de beaux jours devant elle, avec une démographie et une évolution sociale de grande ampleur qui s'annoncent : la population va augmenter de 6,5 milliards à 9 milliards en 2050 et la montée des classes moyennes dans les pays émergents est une aubaine pour la consommation, par ricochet, « la production agricole devra augmenter de 70% », selon le Ministre de l’agriculture français lui-même.

Alors cessons de regarder les paysans comme des images d’Epinal, cessons de croire que c’est le bio et les petites exploitations raisonnées qui pourront nourrir la planète, cessons de nous cloitrer dans nos frontières mentales en se lamentant sur un monde rural qui a disparu depuis longtemps. 


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