Ne jamais dire jamais. Comme la star Justin Bieber dont la courte carrière musicale donne déjà lieu à un documentaire, Never Say Never, sorti cette semaine en France, la Canadienne Maria Aragon vit un vrao rêve éveillé. Cette jeune fille âgée de 10 ans fait depuis quelques jours l’objet d’articles de presse, d’émissions télé et devrait prochainement rejoindre Lady Gaga sur scène.
Son fait d’armes : avoir posté une reprise au piano de Born This Way, le nouveau single électro-pop de la chanteuse américaine sur YouTube. La vidéo, mise en ligne le 16 février, a été vantée par Lady Gaga elle-même sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Résultat, elle en est aujourd’hui à plus de 13 millions de vues.
Trente-cinq heures d’images mises en ligne à chaque minute
Avec ses deux milliards de pages vues chaque jour, YouTube, filiale de Google, a désormais le pouvoir de faire émerger les stars de demain. Le Canadien Justin Bieber repéré sur la plate-forme, mais aussi Keenan Cahill. Les vidéos de cet ado à la drôle de tête atteint d’une maladie génétique rare ont été visionnées plus de 194 millions de fois. Résultat, cet Américain s’est retrouvé au côté du rappeur 50 Cent et de l’artiste électro David Guetta.
« Au départ, je voulais m’amuser en postant des vidéos où je fais du playback, confie-t-il à 20 Minutes. J’ai été surpris quand des shows télé les ont diffusées ou quand Katy Perry a dit qu’elle aimait ce que je faisais. » IPour choisir les chansons qu'il met en ligne, Keenan explique simplement prendre celle qui font les meilleurs scores de ventes sur iTunes. Malgré son succès, l'adolescent ne se considère pas aujourd'hui comme une star. « Je pense juste avoir de belles opportunités qui s'offrent à moi. J'espère que ça durera encore un peu et que je pourrai m'essayer à faire l'acteur ou chanter. J'ai déjà enregistré un single qui devrait être lancé en mai ou juin. »
« YouTube est le site le plus adapté pour créer un buzz viral, analyse Louis-Serge Real del Sarte, auteur du livre Les Réseaux sociaux sur Internet. C’est la plate-forme vidéo où se connecte le plus de monde. A chaque fois est attaché un URL qui permet de partager le contenu sur Facebook et Twitter. Et il faut rappeler que pour certains experts, 97 % de la bande passante d’Internet sera consacrée à de la vidéo dans quatre ans. » Dès aujourd’hui, trente-cinq heures d’images sont mises en ligne sur You Tube à chaque minute, et chaque semaine deux milliards de vidéos sont monétisées avec de la pub, permettant de rapporter de quelques euros à plusieurs milliers. Pour cela, il suffit d'être un peu populaire, d'en faire la demande à YouTube et de respecter quelques règles comme le droit d'auteur.
A l’âge de 15 ans, un contrat signé chez Universal
Mais pour émerger, mieux vaut avoir le soutien de relais influents. L’an passé, la reprise de Paparazzi de Lady Gaga au piano par Greyson Chance, 12 ans, a fait le buzz après sa diffusion dans l’émission télé de la célèbre présentatrice américaine Ellen de Generes. Celle-ci a ensuite signé l’ado sur son label. Un premier album devrait sortir dans les mois à venir.
De même, les 13 millions de visionnages de l’Américaine Avery, 15 ans, lui valent un contrat chez Universal et un disque en préparation. « Le succès de mes vidéos a été plus rapide que ce que je pouvais imaginer, explique-t-elle. Des milliers de personnes me suivent. Je ne serais pas là sans elles. Au départ, on les a juste mises en lignes pour le fun. On pensait que personne ne les regarderait. »
Comme Justin Bieber, ces vidéos ont d'abord permis à Avery d'être découverte par un manager, Anton, qui ensuite lui a ouvert les portes des maisons de disque. « Aujourd'hui, je suis en contact avec de nombreux autres artistes qui mettent en ligne ce qu'ils font sur YouTube. Bien qu'il y ait un peu de concurrence entre nous, on se soutient en espérant tous réussir.»
En France, Mattrach – 69 millions de visionnages – a sorti un album, mais dans les maisons de disques, YouTube fait pour l'heure encore peu l’objet de veilles. « J’y vais fréquemment, mais pas pour dénicher des nouveaux talents. Plutôt pour faire du suivi », explique-t-on chez Pias. Même écho chez EMI : « Dans un second temps, après écoute, il m'arrive de jeter un oeil à YouTube, explique un directeur artistique. On ne parle plus de découvertes, mais de savoir à quoi un artiste ressemble, l'image qu'il veut donner de lui. Pour beaucoup, faire du son reste plus simple que faire des images. » Plus modeste, le Français Huu Nguyen, 23 ans, reconnaît, lui, avoir eu « des contacts avec des radios ou le label My Major Company » grâce à ses vidéos YouTube. Il a aussi fait deux showcases. Un bon moyen de se faire connaître dans un monde plus réel. « La scène reste encore le meilleur endroit pour se faire un avis sur un artiste », confie-t-on chez EMI.