En ce début d’année (et de blog), je vous propose de poursuivre notre découverte du métier d’interprète français/LSF.
Après avoir vu brièvement quelles sont ses caractéristiques, avoir présenté les formations permettant d’obtenir le diplôme requis, il est temps d’expliquer la différence entre la profession d’interprète et de traducteur, et le métier d’interface (parfois nommé médiateur), ce dernier n’étant pas un professionnel reconnu et n’ayant aucune compétence pour exercer le métier d’interprète.
Interprète LSF/Français :
C’est un professionnel des langues. Il permet à deux communautés linguistiques de pouvoir communiquer chacune dans sa propre langue tout en respectant les codes de sa propre culture.
Un interprète maîtrise parfaitement ses langues de travail. Il est biculturel car en plus d’une culture générale développée, il connaît les spécificités culturelles en lien avec ses langues de travail afin d’assurer une prestation de qualité.
L’interprète est diplômé après un parcours universitaire long (master 2, bac+5) qui valide à la fois ses compétences linguistiques, sa capacité à transmettre le sens d’un discours tout en changeant de langue (et donc de culture) mais aussi sa compréhension et sa bonne application des règles éthiques de sa profession à savoir le secret professionnel, la fidélité au discours et la neutralité (nous reviendrons sur ce code déontologique dans un prochain article).
Il traduit les échanges des interlocuteurs entre la langue française et la langue des signes. Mais en aucun cas il ne remplace la personne sourde ou la personne entendante, le messager ne devant jamais éclipser le message.
De plus, toujours dans un souci de qualité, l’interprète suit un code de conduite professionnel propre à son métier. Il doit, par exemple, respecter des temps de repos et ne peut intervenir tout seul pour certaines prestations.
Un interprète est amené à intervenir dans des contextes très variés : judiciaire, médical, enseignement ou formation, services publics, sociaux ou administratifs, conférences, vie culturelle…
C’est pourquoi il doit continuellement parfaire ses connaissances et approfondir sa culture générale.
Traducteur en LSF
Traduire, c’est transposer dans une langue donnée (langue d’arrivée) ce qui a été écrit dans une autre langue (langue de départ). La traduction est une tâche difficile qui nécessite de faire passer une information en franchissant la barrière de la langue, une langue vivante qui évolue tous les jours.
Le traducteur français/LSF possède donc une connaissance approfondie de ces deux langues de travail. Un travail de qualité exige aussi une connaissance vaste et approfondie des sujets qu’il traduits.
Alors que l’interprète travaille en simultanée et à l’oral, le traducteur traduit d’un texte vers un autre avec toute la latitude pour faire des recherches et retravailler sa copie. Il s’attache à respecter les différents styles écrits propres à chaque langue, il est bilingue et biculturel.
Il est essentiel qu’un traducteur professionnel traduise vers sa langue maternelle car il en maîtrise toutes les subtilités et les finesses. Ainsi, pour une production vers la langue des signes, un traducteur sourd (comme ceux travaillant à WebSourd) fournira une traduction fluide et de qualité qui fera passer fidèlement et précisément le message du texte d’origine.
La particularité de la traduction vers la langue des signes est que celle-ci n’a pas de version écrite, au sens graphique du terme. La forme « écrite » de la LSF est la vidéo.
Interface ou médiateur en LSF
C’est une personne dont les compétences linguistiques sont variables et ce en français comme en LSF (aucun examen ne vient sanctionner son niveau ou la qualité des langues pratiquées). Généralement, l’interface n’a pas suivi de formation lui permettant d’approfondir et de prendre du recul par rapport à sa langue de travail. De même, la plupart des techniques d’interprétation lui sont inconnues donc non acquises.
En l’absence de déontologie, il suit ses propres règles de conduite et donc fait souvent tout et n’importe quoi comme de décider ce qu’il convient de traduire ou pas, d’intervenir dans la discussion pour donner son avis, de « conseiller » un des interlocuteurs…
Souvent les interfaces pratiquent le « français signé » plutôt qu’une véritable langue des signes ce qui rend leur expression finalement difficile à comprendre.
Généralement présent en milieu scolaire ou dans des associations en contact avec des enfants sourds ils veulent être à la fois interprète, psychologue, professeur, conseiller administratif et juridique, assistant social, infirmier… mais en n’ayant ni les diplômes requis ni les compétences nécessaires.
Vous l’aurez compris, je me méfie beaucoup de ces faux professionnels qui souvent se présentent comme polyvalents et qui sont en réalité médiocres en tout. Et plus particulièrement lorsqu’ils s’auto-proclament interprètes car l’image qu’ils donnent de notre métier est déplorable (exceptés quelques médiateurs pédagogiques qui font un bon travail car ils ont une claire vision de leur rôle).
Pour finir, un schéma résumant efficacement ces quelques considérations :
Source : Afils et TendanceSourd