Cela fait peut-être deux ans que le Pédiluve affiche une programmation musicale d’avant-garde, dont il se murmure qu’elle serait bien équivalente au Petit Journal. Ce n’est pas faute de connaitre les lieux puisque j’étais à l’inauguration. J’ai toujours eu autre chose à faire le jeudi soir.
Jusqu’à ce que m’arrive un message facebook (merci Nath) avec un clip de The Rodeo et le rappel que le groupe jouait hier soir. Suffisait de regarder un petit film pour être convaincue qu’il fallait que je me bouge. Si j’osais je dirai que je ne comprends pas que vous n’en ayez pas fait autant, ... ce que c’est que d’avoir la mémoire courte.
The Rodeo est davantage connu aux USA qu’en France et pourtant la chanteuse Dorothée est bien de chez nous. Le batteur, Jean, l’est tout autant. Et cela fait plus de 11 ans qu’ils se produisent ensemble. Ils sont arrivés à Chatenay-Malabry (92) en fin de tournée et cet avant-dernier concert d’une longue série leur a malgré tout apporté des surprises.
Démarrage avec People Know (2007) qui installe le style du duo. La voix rauque de Dorothée tranche avec son look BCBG et encore davantage avec les quelques mots qu’elle prononce avec douceur entre deux titres.
On enchaine avec On the Radio (2009) qui rime joliment avec rodeo. Le titre l’a fait connaitre en Amérique. Jean chante en sourdine. La chanteuse est comme apprivoisée. Le public est sagement conquis. Rien à voir avec les hordes qui écoutent debout dans les autres salles du circuit. On est comme cela à Chatenay. C’est pas de la froideur, mais du respect. Toutes les émotions sont au fond du cœur. Jamais indifférents, mais d’accord pour être qualifiés de « studieux », surtout moi qui prend des notes sur mes genoux.
Voici Amulet, en avant-première du prochain album qui sortira dans un mois.
Puis une reprise étonnante d’une chanson ultra connue dont elle ne nous donne pas le titre, mais qu’on devine illico presto. C’est If I had a hammer, le fameux Si j’avais un marteau créé par Pete Sieger et Lee Hays, écrite dans un esprit contestataire pendant la guerre du Vietnam avant d’être édulcorée par Claude François, écrasé par la vague yéyé.
L’articulation est parfaite. Les intonations colorent le sens des paroles et on saisit enfin tout le potentiel du texte original en terme d’amour, de liberté et de soif de justice pour tous les hommes.
Jean quitte la scène et Dorothée interprétera seule deux ballades extraites du dernier album (2009), My Ode to You puis Modern Life. La guitare se fait légère et la voix caressante, avec de jolies stridulations sur le second morceau, annonçant un tempérament de blueswoman.
Jean revient pour Hand shadows. L’accompagnement est inventif avec un plateau de clés (…du paradis, déniché par Jean à Sao Paulo, et qui donne de jolies notes cristallines). Le public applaudit avec force sans pour autant se lever de son siège. La chanteuse, déroutée a plutôt l’habitude de se produire devant des gens debout. Une idée en enchaine une autre. Elle réalise qu’elle a oublié d’amener des CD. Je suis un peu tête en l’air, concède-t-elle.
Little Soldier, est annoncé pour les cow-boys qui sommeillent (qui dorment à poings fermés) en nous. Le batteur a déjà l’habillage avec sa chemise à carreaux (j'ai suffisamment visionné de video pour affirmer qu'il en a une série) et je peux vous dire qu’il se lâche sur ce morceau !
Ses accompagnements sont très inventifs et il est bien plus qu’un batteur dans le groupe. Voici HRW, ce qui en langage codé signifie High Resolution World, un titre que je ne résiste pas à vous faire écouter.
The Rodeo - High Resolution World
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La voilà qui nous annonce Je vais vous quitter. Quelle blague, c’est juste la traduction de I’m gonna leave you. La jolie dame n’est pas prête de partir. Ils sont heureux d’être là, disent-ils, dans ce lieu original. Pour nous c’est un privilège d’être si proches. Les plus éloignés sont à 5 mètres. Un vrai cadeau.
Voici Uncle Sam, une ritournelle qui résonne comme une comptine avant d’être un refrain sifflé. Puis Odyssey est annoncé comme le dernier morceau (même pas vrai ! preuve à l'appui). On retrouve le rythme country et la voix rauque qui nous dope pour jouer le jeu des rappels. Nous avons gagné le ticket pour Cha cha cha.
C’est fini, déjà … mais la conversation reprend vite près du bar. Dorothée Hannequin est manifestement heureuse d’être sortie du trou noir et de voir en lumière les visages des spectateurs. L’artiste a trituré son prénom pour composer le nom du groupe, en hommage aux pionniers du rock comme du folk, du blues et de la country. Elle compose des mélodies simples qu’on croirait familières.
The Rodeo n’existe que depuis trois ans mais la complicité avec Jean Thevenin remonte au temps où ils appartenaient tous les deux au groupe de rock Hopper, en référence au peintre. Il a vécu 9 ans avant de « spliter » comme on dit. Ces deux là se connaissent bien. 11 ans qu’ils bossent ensemble et on leur souhaite longue route. Encore un concert le vendredi 4 mars à la ferme du Buisson de Marne-la-Vallée et puis ce sera la réclusion en studio pour travailler le prochain album.
Le Pédiluve se trouve dans l'enceinte du Théâtre La Piscine récemment reconstruit 254 avenue de la Division Leclerc, à Chatenay-Malabry (92). Les jeudis soirs à 20 heures les musiques se déclinent sur tous les tons : classique, soul, chanson, jazz ... à 8 € la place. Le Bar ouvre ses portes à 19h00 pour une restauration légère ( un plat chaud, un dessert et une boisson pour 5 € ). Lieu intime, convivial, trait d'union avec le passé nautique de l'équipement, il est devenu désormais une salle de concert de 80 places qui compte en région parisienne. Renseignements et réservations au 01 41 87 20 84 ou sur le site de la structure.
Ceux qui voudraient revivre l'aventure inaugurale du lieu peuvent cliquer sur la mosaïque du Pédiluve en haut de l'article.