Se découvrir à travers la créativité. Petits et grands

Publié le 24 février 2011 par Mcommemaman
Ce que nous avons de plus beau à offrir dans la vie est amplifié lorsqu'il est partagé et lorsque nous travaillons en équipe en harmonie. C'est ce que j'ai vécu en tant que coach mais surtout en tant que femme lors de l'escapade d'hiver et à mon retour à la maison.

Bien entendu, le but principal de mes ateliers et des escapades est d'aller à la rencontre de soi. De se donner la permission de décrocher du va-et-vient du quotidien pour plonger en son centre, laisser couler nos mots pour exprimer ses secrets les plus intimes et d'ouvrir un dialogue avec soi. Mais depuis que j'ai décidé d'inclure également quelques parenthèses de travail de groupe, que ce soit en ateliers des Muses ou en ateliers corporatifs, une grande énergie s'en dégage. Le fait de travailler de façon intuitive aux côtés des autres participants, d'entremêler nos couleurs, nos formes, nous permet de s'ouvrir à de nouvelles perspectives personnelles. Au lieu de considérer l'autre comme étant un compétiteur ou un obstacle à son laisser-aller, on découvre que le fait de jumeler nos énergies nous aide à aller au-delà des barrières qui nous empêchent de découvrir et savourer pleinement notre créativité.
Lors de cette dernière escapade, nous avons créé en groupe une immense toile. Le thème étant la féminité, nous avons peint ensemble, en changeant de place à tous les deux minutes. Nous avons donc mis nos couleurs et touches personnelles partout sur la toile. Durant l'exercice, la tension du début (Qu'est-ce que je peux bien faire? Je ne suis pas assez bonne!) a rapidement fait place à un calme rassurant et à des rires qui font du bien. Et lorsque notre oeuvre fut terminée, nous avons toutes été ébahies par le résultat! Une ode à la féminité...grandiose! Quelle fierté collective et un bien-être qui mérite d'être souligné!






À mon retour à la maison, encore sur mon nuage de cette belle fin de semaine de filles, je n'avais qu'une idée en tête: recommencer l'expérience de peindre une toile dans cet esprit de lâcher-prise et de non performance. Lorsque ma fille m'a demandé de faire de la peinture, j'ai sauté sur l'occasion pour créer deux toiles avec elle, en me donnant comme mission de la suivre dans ses élans de création. Elle dansait de joie lorsqu'elle m'a vu sortir le grand bac de peinture acrylique, mes pinceaux et les deux toiles!
Nous avons donc toutes deux commencé. Chacune à notre façon. Puis lorsqu'il y avait assez de rose de son côté, je tournais les toiles et notre travail se poursuivait. Cette joyeuse danse a durée 45 minutes.Je me suis laissée porter par le flot de vie, de couleurs et de paroles de ma fille. J'ai créé à partir de ses créations. Unies par nos couleurs. Magnifique. Je ne pouvais pas trouver mieux pour atterrir doucement de ma fin de semaine, avant de replonger dans tout ce que j'ai à faire. Et quelle fierté pour cette petite de deux ans et demi que de voir nos peintures affichées sur le grand mur de la maison!







Et maintenant, je découvre encore plus profondément la puissance de la créativité partagée pour se libérer de nos craintes et peurs. Oui. C'est mon coeur de maman, écorché, qui m'a une fois de plus guidée vers les toiles pour entrer en communion avec mon fils afin de l'aider à retrouver la joie dans son petit coeur de sept ans. Complètement démotivé, se demandant pourquoi il devait aller à l'école puisqu'il trouve ça platte et qu'il pourrait très bien apprendre à la maison, l'air résigné face à la vie, mon fils ne semblait plus arriver à trouver du soleil dans ses journées. Je vous l'avoue, j'ai été vraiment ébranlée. Mais c'est autour de nos toiles que nous avons discuté, versé et épongé des larmes. Et c'est là que j'ai vu mon fils faire face à sa toile, frustré de ne pas savoir quoi peindre, de devoir attendre que son fond sèche avant de poursuivre. J'ai compris en un instant que sa frustration ne venait pas de la toile mais de son coeur embrouillé.
- Vas-y! Ajoute de la couleur mon gars! Fâche-toi donc un peu! Tu as le droit, tu le sais? 
-..... (un grand coup de pinceau. Puis un autre)
- Ouiiii! Continue! Laisse sortir ce qui te fait de la peine ou te met en colère! Laisse sortir ce qui te déplait!
- .......(coups de pinceaux de plus en plus rapides) Ça c'est ma peine maman. Je peux prendre une autre toile pour ma colère?
- Bien sûr!
- Tiens! Tiens! Tiens! (coups de pinceaux) Ça fait du bien! (ses joues ont repris un ton plus rosé) Ça c'est ma colère! Et je vais prendre la petite toile pour ma timidité. Tu sais pourquoi je prends une petite toile? Parce que quand on est timide, on se sent tout petit en dedans.
- Hum. Je comprends. Et je remarque que tu y vas tout en douceur...
- Oui. Parce que quand on est timide, on ne veut pas prendre trop de place.
-.....(je me retiens pour ne pas exploser en larmes)
- Je vais ajouter un grand X sur ma timidité parce que je ne veux plus être gêné. Je me sens mieux maintenant maman! Même si c'est pas super beau, je suis capable de dire que c'est beau ce que j'ai fait. Je suis content.
- Mon bel amour, tes yeux brillent de joie! C'est formidable ce que tu viens de faire! Tu as de quoi être fier de toi! Allons les afficher! Tu pourras les présenter et les expliquer à papa...


 

Cet après-midi là, mon fils s'est donné la permission d'extérioriser des sentiments inconfortables. J'ai été touchée par sa confiance de s'ouvrir avec tant de candeur. Par son courage d'affronter ses zones sombres tout en acceptant d'y laisser le soleil entrer à nouveau! Et aujourd'hui, il revient de l'école avec fierté d'avoir osé sourire à l'école, d'avoir fait des pas vers un ami, d'utiliser ses points de ''Bravo'' pour se récompenser pour tous ses efforts.
De mon côté, je sais que l'histoire d'amour entre la peinture et moi n'en est qu'à ses débuts. Je sais que c'est un outil que j'utiliserai encore et encore dans ma vie et dans ma pratique. Pour me construire, pour partager et pour aider. Et je sais aussi que le travail d'équipe est si merveilleux et puissant que j'en redemande encore et encore...

Je sais que je devrai affronter aussi mes zones sombres. Accepter de laisser sortir des choses pas nécessairement belles à mettre sur une toile. Accepter de ne pas peindre avec mon égo, mon mental juste pour faire du joli. À ne faire que du beau, je passerais à côté de l'essentiel. Je veux grandir. Je veux peindre. Je veux vivre. Je veux m'exprimer. Je veux être. Tout simplement.