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L’enseignement de l’économie en France

Publié le 24 février 2011 par Lecriducontribuable
Fonds de dotation de Contribuables Associés

L’éducation de la jeunesse est certainement le meilleur investissement pour le long terme. D’une part « les idées mènent le monde » (Keynes) et des générations entières peuvent être égarées par de fausses idées. D’autre part les jeunes ont besoin de repères et de valeurs sûres pour forger leur propre personnalité et prendre leurs responsabilités dans le futur.

En France, des initiatives dans le domaine de l’enseignement de l’économie sont plus que jamais et plus qu’ailleurs nécessaires, car l’Education Nationale distille et impose un message purement idéologique de nature à anéantir un système fondé sur la libre entreprise et le libre échange.

Comment ce message est-il élaboré et diffusé ? Pour quelles raisons ne reçoit-il aujourd’hui aucune contestation ?

Les canaux de la désinformation économique

De nombreux ouvrages très documentés ont été publiés, depuis « La désinformation scolaire » de Bernard Bonilori (1983) jusqu’à « Elèves sous influence » de Barbara Lefebvre et Eve Bonnivard (2005). Des dossiers très complets ont été publiés par l’IFRAP et l’ALEPS. Tous convergent vers la même analyse : la désinformation économique est organisée depuis le haut de la pyramide administrative, et s’appuie sur des relais entièrement contrôlés par les pouvoirs publics. Il ne s’agit donc pas d’une agression extérieure au système français d’enseignement, mais bien d’un des piliers du système.

Les programmes officiels fixent les objectifs : libérer les élèves du conditionnement libéral (sic), dénoncer les méfaits de la mondialisation qui n’est que domination des Etats-Unis sur le reste du monde, expliquer les défaillances du marché et la régulation qui s’impose pour éviter « déséquilibres, inégalités et exclusion ». Le CODICE (qui vient d’être dissout) Conseil pour la  Diffusion de la Culture Economique chargé de revoir les programmes a travaillé dans la même ligne : il était présidé par Claude Perdriel ancien PDG du Nouvel Observateur.

Les manuels scolaires se veulent en conformité avec les programmes, ils ne sont d’ailleurs recommandés par les enseignants qu’à cette condition. Mais ils en rajoutent souvent une couche. Hatier, Bordas, Nathan, Breal, Magnard, se partagent une clientèle captive, mais surenchérissent dans l’anti-capitalisme, l’anti-américanisme, la lutte des classes, l’exploitation du Sud par le Nord, le scandale des grands patrons et des hauts salaires, etc.

Le journalisme économique fournit aux maîtres et aux étudiants l’occasion de lire l’actualité à travers le prisme déformant dont on les a dotés. Le rôle d’Alternatives Economiques est ici déterminant. Cette revue est le bulletin de référence des enseignants d’économie, mais elle est aujourd’hui proposée à un faux prix (subventionné) à près de 100.000 élèves des classes préparatoires et étudiants en économie. La rédaction souhaite « combattre l’économie de l’entreprise et du libéralisme ». Les conseillers de l’Office Universitaire de Presse (public) en recommandent chaudement la lecture ; « le magazine de référence pour comprendre l’économie et la société ». Au demeurant, la plupart des journalistes économiques de la presse radio-télévisée ont été formés dans des écoles (Lille, Paris) où les thèses de Bourdieu sont dominantes.

Les enseignants en économie sont au moins depuis 1968 recrutés par des jurys ou des comités nationaux où dominent marxise et keynésianisme. Deux enquêtes, l’une américaine, l’autre française (Bertrand Lemennicier) font apparaître d’une part que les enseignants français divergent de la communauté scientifique internationale (par exemple au niveau mondial 95 % des économistes pensent que l’inflation est d’origine monétaire alors que le pourcentage français est de 56 %), d’autre part que des étudiants n’ayant jamais fait d’économie (architectes, biologistes, mathématiciens, littéraires, etc.) ont des connaissances économiques plus saines que les pauvres étudiants ayant suivi des cours en facultés d’économie.

Les maîtres à penser Au delà des enseignants du supérieur ou du secondaire, la connaissance économique française est confiée à des intellectuels qui baignent dans le marxisme ou le gauchisme extrême. Les gouvernements (y compris de droite) leur confient le soin de développer la science économique dans notre pays. Ainsi Claude Perdriel, déjà cité, mais aussi Philippe Herzog, dirigeant communiste (tête de liste du PCF aux européennes de 1989) placé en 2004 à ma tête de l’Institut pour l’Education Financière du Public, Thomas Piketty, économiste officiel du PS a été nommé pour diriger l’Ecole d’Economie de Paris (pardon : Paris School of Economics) en novembre 2005. Quant aux membres du Conseil d’Analyse Economique tout comme du Cercle des Economistes, à quelques très rares exceptions, ils marquent comme il se doit leur préférence pour les politiques économiques « actives ».

Les raisons de l’acculturation économique en France

Si les Français font preuve d’une belle ignorance en matière d’économie, c’est qu’il y a des raisons profondes, voire culturelles.

Les activités marchandes et financières ont été et sont encore critiquées, ou même méprisées. La France pays riche de son agriculture et de son artisanat pendant des siècles, n’a pas la tradition de commerce et de banque des Anglais, Italiens, Néerlandais ou autres. Elle a suivi les révolutions industrielles et technologiques avec un décalage important. En 1955 l’usage du chèque était encore très réduit.

La France entretient au contraire un héritage étatiste La prise en mains de l’économie par le pouvoir politique est une vieille affaire. Accrochée au mercantilisme au XVIème siècle, la royauté ne s’en est jamais détachée. Le colbertisme fait reposer la richesse de la nation sur les initiatives du souverain. Napoléon Ier, mais aussi Napoléon III, ont voulu être les guides du progrès économique. Dans ces conditions la macro-économie keynésienne correspond mieux aux mœurs françaises, et l’Etat Providence a trouvé naturellement une terre d’élection dans notre pays. Les Français peuvent courber le dos, la servitude est consentie (La Boëtie).

Les utopies socialistes ont toujours séduit les Français La Révolution Française a lancé une vague puissante d’égalitarisme, de fausse solidarité appelée fraternité, et en a oublié le message de la liberté. Saint Simoniens, Fouriéristes puis Marxistes ont toujours été à la tête du mouvement des idées, et le militantisme politique et syndical les a portés au pouvoir, tandis que les classes moyennes ont été écrasées entre une technocratie d’Etat et un populisme révolutionnaire.

La réussite et le mérite ne sont pas les vertus les plus honorées. La richesse est odieuse quand elle naît des privilèges et de la corruption – un phénomène fréquent dans les pays dirigistes et bureaucratiques. Partant de là, toute richesse semble condamnable en France. Il faut aussi compter avec le sentiment de jalousie, déjà relevé au XIXème siècle par Tocqueville quand il faisait la comparaison entre France et Amérique. Malheur à celui qui se hisse au dessus du lot par son travail, son épargne ou son entreprise.

Ces obstacles à une saine connaissance de l’économie ne sont pas dirimants, car beaucoup de Français, notamment parmi les jeunes, commencent à comprendre le drame de l’exception française. Les Français libérés du conditionnement peuvent réagir aussi bien que les autres. Encore faut-il briser le monopole de l’Education Nationale et des beaux esprits qui l’accompagnent : c’est l’objectif prioritaire.
Cela peut se faire à travers la formation permanente en entreprise confiée à des animateurs sérieux et expérimentés. Mais cela se fera surtout par la concurrence, qu’on l’instaure au sein de l’école et des universités, ou qu’elle vienne d’initiatives auprès des jeunes, comme cela est proposé à votre attention et à votre soutien aujourd’hui.

Jacques Garello, lors de la réunion du fonds de dotation de Contribuables Associés

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