Amis parisiens, amies parisiennes, courrez au théâtre de la ville où se déroule, en ce moment, les pièces Workwithinwork et Quinttet du talentueux William Forsythe dansées par l'Opéra de Lyon (jusqu'au 1er mars, dépêchez-vous!).
J'ai découvert ce spectacle en septembre 2010 à l'occasion de la biennale de la danse de Lyon. J'ai été subjuguée, totalement transportée par Quintett, pièce-lettre d'adieu de Forsythe à son épouse mourante.
Lors de ce ballet, cinq danseurs sont sur une scène sans aucune fioriture avec un simple projecteur et une trappe comme accessoires. Les corps se relâchent, chutent, luttent, disparaissent, se tordent, se fatiguent, cherchent l'équilibre, se raccrochent à la vie, au rythme de la partition de Gavin Bryars avec la voix éraillée de Tom Waits qui répète en boucle "Jesus' blood never failed me yet ". Les corps s'accélèrent, ralentissent, composent, décomposent et recomposent tout un ensemble de figures et j'aurais réellement voulu que cela ne s'arrête jamais. Tout le long de cette pièce, j'ai eu la sensation d'être en apnée, mes yeux ne pouvaient se détacher de ces corps, de ce tout si harmonieux et si sensuel.
Ce ballet est totalement bouleversant, rempli d'une émotion indescriptible. On plonge dans une profonde mélancolie, dans la douleur mais sans pour autant sombrer dans le désespoir. C'est un spectacle qui nous marque profondément et, lorsqu'on en sort, on se sent transformé.