Un exemple de dérive idéologique en matière de justice fut, on s’en souvient, ce charcutier de l’Oise qui fut condamné pour discrimination à l’embauche parce qu’il aurait refusé d’embaucher un jeune issu de l’immigration, ce que ce charcutier nie avec véhémence ; et ce d’autant plus qu’il n’était même pas question de manipulation de viande de porc ; rappelons-nous également l’affaire Fanny Truchelut qui avait refusé de louer une chambre dans son gîte à une femme voilée parce que celle-ci refusait de l’enlever dans les parties communes (alors qu’elle pouvait le garder dans sa chambre, Fanny Truchelut n’y voyant aucune objection) ; souvenons-nous également de cette affaire de Franprix qui, en nouvelle franchise, refusait à cause de cette nouvelle gérance de vendre du porc et de l’alcool et qui avait été critiqué par Manuel Valls alors que ce magasin en tant que franchise d’une marque généraliste bien connue ne pouvait décréter, sans prévenir sa clientèle, qu’il allait devenir un magasin halal, surtout lorsqu’il existe peu ou pas d’épicerie alternative aux alentours…
Dans toutes ces affaires, une question, lancinante, revient : est-ce que, en droit français, le refus d’embauche lié à la violation d’une clause d’un contrat donné, qu’il soit de travail, de location ou autre, est discriminatoire ? Non, cent fois, mille fois non. Et pourtant ce charcutier, et pourtant cette propriétaire de gîte, ce maire d’Evry ont été attaqués, traités de racistes, et les deux premiers lourdement condamnés déjà financièrement, sans compter la meurtrissure d’apparaître ce qu’ils ne sont pas puisque le contrat qu’ils avaient défini n’avaient pas été respecté par les parties plaignantes.
Qu’à cela ne tienne « les » juges en ont décidé autrement en se basant sur une appréciation abstraite de la discrimination qui en plus ne correspond pas aux faits (mais explique, parfaitement, pourquoi la candidate du FN caracole dans les sondages).
En effet, si la justice française, ou, du moins, certains juges, n’étaient pas idéologisés, ce charcutier (alors que ce n’était en plus pas le cas) aurait parfaitement le droit de refuser quelqu’un qui refuse d’effectuer une partie du travail demandé ; de même concernant le gîte, il aurait dû aller de soi qu’il faut respecter les valeurs fondamentales qui soudent le vivre ensemble à commencer par le respect des convictions d’autrui qui peuvent être blessées lorsque des actes contraires se déroulent dans un lieu commun mis à la disposition de la propriétaire des lieux. Quant au magasin, il aurait dû aller de soi qu’il indique en bonne et due forme désormais sa dénomination halal, et d’ailleurs Manuel Valls aurait dû demander à Franprix de lui retirer sa franchise.
Venons-en à Zemmour. Celui-ci a été condamné, on le sait, non pas sur ce qu’il a dit concernant l’origine ethnique des dealers en prison, mais sur une autre de ses réflexions concernant le fait que des patrons ont » le droit de refuser des postulants arabes ou noirs« . Or, et au vu de ce qui a été exposé plus haut, il ne semble pas que Zemmour voulait signifier dans ce propos qu’il fallait refuser, en soi, de tels postulants, ce qui aurait été là en effet de la discrimination, mais qu’il était fort probable au vu par exemple de tel comportement, propos, question sur le poste, que ceux-ci puissent formuler à terme des demandes communautaristes, et que, dans ce cas, il valait mieux s’abstenir d’aller au devant de difficultés.Il en est d’ailleurs de même en boîte de nuit : si l’on laisse entrer des bandes qui non seulement ne viennent pas accompagnés, non seulement n’ont pas la tenue exigée, mais en plus viennent en fait agresser la gente féminine présente sur les lieux, alors il est généralement préférable de ne pas les laisser entrer, (comme cela a toujours été le cas en réalité dans beaucoup de boîtes et pourtant les demandeurs sont blonds aux yeux bleus) cela n’a donc rien à voir avec de la discrimination ni du racisme, du moins en règle générale, mais plutôt avec de la prévention au sens de ce principe de précaution dont l’on nous rabat pourtant sans cesse les oreilles.
Certes, avancer ce principe est toujours sujet à caution, et il est sans doute difficile pour les juges de faire la part des choses, sauf néanmoins s’ils s’en donnent les moyens en diligentant une enquête précisant si des cas similaires se sont présentés concernant l’entreprise donnée, et si le demandeur avait des exigences ou un comportement non compatible avec les valeurs exigées à l’embauche ou à l’entrée.
Il est difficile de savoir comment Zemmour a formulé réellement la chose, mais en tout cas quelqu’un qui reçoit le soutien d’un Chevènement ne peut pas être considéré comme un raciste pur jus, Zemmour devait donc sans doute parler de ces difficultés d’aujourd’hui lorsqu’il s’agit de fournir un travail ou un service à des personnes susceptibles de poser des problèmes là où il n’y en a pas ; vu alors la réputation de non racisme s’agissant de l’accusé, le juge aurait dû déclarer le non lieu avec, sans doute, un rappel à loi : par exemple en suggérant que le polémiste et journaliste n’aurait pas dû parler en général, mais en spécifiant dans quel cadre un patron, un propriétaire, peuvent refuser l’entrée de tel ou telle car ce n’est pas parce que l’on a une couleur donnée de peau que l’on doit croire avoir tous les droits ; ou alors c’est précisément exiger ce que l’on prétend combattre ! ce qui est un non sens ; ou un acte politique volontaire qu’il faut, lui, sanctionner, déjà politiquement, et il est à craindre qu’il va l’être, et durement, dans les urnes.