Sélection de février

Pour cette sélection de février, voici deux premiers romans de grande qualité et une passionnante biographie de Françoise Giroud : de quoi contenter les appétits de lecture les plus exigeants et disparates…

A l’attention de la femme de ménage, de Émilie Desvaux

Commençons cette chronique par un court roman, étonnant à plus d’un titre, et pourtant écrit par une toute jeune auteur, qui signe là son premier roman. Étonnant par son écriture, originale et parfaitement maitrisée, et par sa construction, implacable malgré une apparente légèreté.
Le livre se présente comme un témoignage froid et impudique laissé à l’intention d’une femme de ménage qui traverse le roman comme un fantôme. Histoire d’amour, de désir (certains passages sont très crus) puis de rancœur entre deux femmes , dans le silence un peu oppressant d’une belle demeure isolée.
Le sujet est difficile, dérangeant (il l’a été pour moi en tous cas, le serait-il moins pour une lectrice ?), le huis-clos parfois étouffant, mais force est de reconnaître le talent de l’auteure et la qualité de la langue surtout : une écriture toute en douceur, en ronds et déliés, aux accents de ce chant des sirènes dont il est question dans le récit : attirant et envoutant, mais loin d’être innocent…

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L’écrivain de la famille, de Grégoire Delacourt

A 7 ans, le jeune Édouard écrit un improbable poème. Quelques lignes maladroites qui vont faire la fierté de sa famille et scellent son destin : tu seras écrivain, mon fils.
Un malentendu qui accompagnera l’auteur toute sa vie. Et cette vie de s’égrainer le long de pages pleines d’humour, éclairées par l’œil acerbe du publicitaire, attentif aux modes et aux mœurs de son époque.
« L’écrivain de la famille » est un roman largement autobiographique (Grégoire Delacourt est publicitaire, et le véritable auteur de quelques-uns des slogans qui parsèment le récit), sur le poids de l’héritage parental, sur les destins trop vite scellés, sur ces petites lâchetés qui s’accumulent et fabriquent une famille standard, une vie standard, copie conforme du modèle publicitaire. Comme souvent, derrière l’humour et les bons mots, le désespoir n’est pas loin. On frôle souvent le naufrage pathétique, mais l’indéfectible optimisme de l’auteur veille au grain…

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Françoise, de Laure Adler

Avec « Françoise », Laure Adler signe une biographie vraiment réussie de Françoise Giroud. Le livre est dense, mais se lit comme un roman, tant le destin de cette jeune sténodactylo devenue directrice du magazine « l’Express » est étonnant. L’ouvrage est fortement documenté et témoigne d’un énorme travail de préparation. Les commentaires de l’auteure sont pertinents, notamment ceux sur l’évolution de la ligne éditoriale de l’Express. Les nombreux extraits de lettres, de notes, d’éditoriaux, de romans ou d’essais sont choisis de manière judicieuse, et mettent en lumière l’intelligence éclatante de cette femme d’une force de caractère incroyable, souvent en avance sur son époque. Cette biographie, c’est aussi une grande page d’histoire contemporaine, dans laquelle Françoise Giroud a joué un rôle actif, engagé. Un portrait précis et sans complaisance, un livre passionnant.

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Pour en savoir plus sur l’auteur de ce billet, consultez son portrait.

Vous laisseriez-vous tenter par l’un de ces romans ? Lequel des trois comptez-vous lire très prochainement ?