Danses de guerre de Sherman ALEXIE

Par Lecturissime

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L’auteur :

Sherman Joseph Alexie est un romancier, poète et scénariste américain qui écrit principalement sur les populations amérindiennes. Il s'est fait connaître pour son roman Indian Killer en 1997, un drame contemporain sur la légende d'un tueur indien.

L’histoire :

Nos relations avec les autres ne seraient-elles en fin de compte que de petites guerres ? Pour se préserver, pour assumer ses responsabilités ou prendre des initiatives ? Avec Sherman Alexie, tout est sujet d’inspiration : être parent, le divorce, la guerre des sexes, celle des races, l’alcool et la drogue, la société de consommation, le terrorisme et bien entendu la guerre...
Ses personnages sont des hommes ordinaires sur le point de connaître de grands changements, des artistes, des ouvriers, des pères, des amants, des maris ou des fils. Par leurs choix, simples et considérables à la fois, ils transforment radicalement leurs univers personnels. Un écrivain célèbre doit s’occuper de son père alcoolique et diabétique, avec qui les relations n’ont jamais été évidentes, au moment même où on vient de lui diagnostiquer une tumeur au cerveau. Un homme, dont le mariage est un naufrage, s’éprend d’une femme rencontrée dans un aéroport. Le fils d’un homme politique en vue commet un crime homophobe. Un jeune garçon découvre sa propre valeur en rédigeant des notices nécrologiques... Un père de famille tue sans le vouloir un jeune cambrioleur, et découvre qu’il est noir...


Drôles, douces-amères ou émouvantes, ces nouvelles explorent la condition humaine avec davantage de force que bien des romans. (Quatrième de couverture)

  Ce que j’ai aimé :

-   Sherman Alexie ne nous offrent pas seulement des nouvelles qui sont déjà comme de petites pépites ciselées, son recueil comporte aussi des poèmes, ainsi que des réflexions décousues, dialogues fictifs :

« Que pensez-vous de Dieu ?

Je suis devant la fenêtre de ma cuisine, et je regarde trois corbeaux perchés sur le fil du téléphone. Je crois qu’ils racontent des conneries sur moi. » (p. 73)

« Pourquoi les poètes s’imaginent-ils

Qu’ils peuvent changer le monde ?

La seule vie que je puisse sauver

C’est la mienne. » (p.10)

Un ensemble cohérent qui aborde les sujets chers à Sherman Alexie : l’identité raciale de ces amérindiens plongé dans un monde qui a voulu les exterminer, mais aussi des thèmes plus universels comme le mariage, la filiation, la solitude, la maladie et la mort.

-   Malgré ces sujets graves, le ton est drôle, acerbe et poétique à la fois. Entre les pages comme dans la vie, se glissent quelquefois des petits moments d’éternité :

« Je n’avais pas chanté depuis des années, rien de tel en tout cas, mais je joignis ma voix à la sienne. Je savais que ce chant ne ramènerait pas les pieds de mon père. Ni ne réparerait sa vessie, ses reins, ses poumons et son cœur. Il ne l’empêcherait pas de vider une bouteille de vodka dès qu’il serait capable de s’asseoir dans son lit. Il ne vaincrait pas la mort. Non, songeais-je, ce chant est temporaire, mais en de pareilles circonstances, le temporaire suffit. Et c’était un bon chant. Nos voix résonnaient dans le couloir. Les malades et les bien- portants s’arrêtèrent pour écouter. Les infirmières, y compris la Noire à l’air distant, firent inconsciemment quelques pas vers nous. La Noire soupira et sourit. Je lui rendis son sourire. Je savais ce qu’elle pensait. Parfois, même après toutes ces années, il lui arrivait encore d’être surprise par son travail. Elle s’émerveillait encore devant la foi infinie et ridicule des gens. » (p. 44)

Ce que j’ai moins aimé :

-   Trop court…

Premières phrases :

« Limites

J’ai vu un type donner un coup de volant

Pour essayer d’écraser un chien errant,

Mais le corniaud agile a plongé

Entre deux voitures en stationnement

Et il a filé.

Merde, ai-je pensé, ai-je bien vu

Ce que j’ai cru voir ? »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Indian Killer

Autre : La malédiction des colombes de Louise ERDRICH

Danses de guerre, Sherman ALEXIE, Traduit de l’américain par Michel Lederer, Albin Michel, février 2011, 195 p., 19 euros