"6 semaines, 6 experts, 1 application" : c'est le sous-titre du "WePad Project" lancé par la banque en ligne italienne WeBank depuis quelques semaines. Le principe de l'opération est de rassembler 6 personnalités pour leur demander d'imaginer une application (bancaire) révolutionnaire pour l'iPad, en 6 semaines. Avec l'aide d'un septième "expert", représenté par la "foule" des internautes.
Pour une grande part, la démarche de WebBank respecte les "règles d'or" du genre : un objectif clairement fixé (pour éviter la dispersion des efforts), une durée limitée (pour maintenir l'engagement des participants), des récompenses (sous la forme d'iPad offerts aux contributeurs les plus "méritants"), l'implication de personnes étrangères au coeur de métier de la banque (pour l'ouverture d'esprit) et la participation du public (pour la richesse des points de vue).
Pourtant, certains choix surprennent, justifiant le qualificatif de "périlleux" que j'adopte dans le titre de cet article. Par exemple, la présence d'une petite équipe dédiée au "brainstorming" combinée avec une approche ouverte au public me semble pour le moins ambigüe, susceptible de créer un déséquilibre dans les contributions, qui pourrait frustrer les internautes.
Parallèlement, la sélection d'"experts" tous plus ou moins spécialistes d'internet risque aussi de "scléroser" la créativité, alors que l'intervention de profils radicalement différents (imaginons par exemple la participation d'un socioloque ou d'un astronaute !) aurait plus de chances de produire les idées révolutionnaires attendues.
Parmi les regrets, citons également une ouverture au public limitée à la publication d'idées, de suggestions ou de commentaires (qui aboutissent à quelques discussions), sans lui donner l'opportunité de s'investir plus dans le processus d'innovation (par exemple en leur offrant la possibilité de "voter" pour les meilleures propositions). De plus, les critères de sélection des idées des internautes ne sont pas très explicites et peuvent paraître arbitraires (selon les préférences des "experts").
Enfin, le pari de WeBank devient extrêmement audacieux quand on pense qu'une fois la phase de créativité achevée, il lui faudra concrétiser le résultat, dans des délais raisonnables et avec une application qui soit réellement révolutionnaire !
Malgré les doutes que j'exprime, je suis impatient de découvrir la suite : quelle solution va sortir de la "marmite" ? Quand la verra-t-on sur l'AppStore ? Répondra-t-elle aux attentes des clients de la banque ? Sera-t-elle vraiment différentes des solutions existantes ? La bonne nouvelle est que nous pourrons avoir des réponses concrètes et objectives à toutes ces questions... A bientôt pour les conclusions définitives !
Merci à Christophe Langlois (Visible Banking) pour m'avoir fait découvrir cette initiative (à suivre) !