La micro finance indienne est inquiète. Une mesure prise par le gouvernement de l'Etat de l'Andrah Pradesh pose un sérieux problème.
Au mois d’octobre cet Etat a voté une loi modifiant les conditions dans lesquelles les emprunteurs remboursaient leurs emprunts de micro finance. Avec l’objectif affiché d’en finir avec les pressions exercées sur les débiteurs mauvais payeurs, cet Etat a imposé que les représentants des institutions de micro finance ne rencontrent leurs débiteurs qu’en présence de fonctionnaires. Pour cet Etat, ces pressions sont responsables d’un grand nombre de suicides.
Il est vrai que l’activité de micro finance a explosé en Inde au cours de ces dernières années et particulièrement dans cet Etat qui concentre 30% des encours de crédit totaux. Il est vrai aussi que les taux d’intérêt sont élevés (plus de 30%) et que cette activité devient une industrie à part entière qui n’est pas régulée en Inde.
Mais le résultat de ces mesures est-il dans l’intérêt des emprunteurs ? Les Institutions de micro crédit ont cessé d’accorder des prêts de micro finance en réaction à ce qu’ils considèrent être une mesure brutale.
De fait, nous pensons que cette activité doit être encadrée et régulée, notamment dans les relations entre institutions de micro finance et emprunteurs. Un code de bonne conduite doit être mis en place.
Mais se focaliser sur le niveau élevé des intérêts est une erreur ; rappelons que les micro crédits sont des crédits accordés à des personnes qui ne peuvent pas avoir accès à des crédits et que bien souvent ces prêts permettent de démarrer une activité rémunératrice. Par ailleurs vu le faible montant unitaire des prêts et le grand nombre d’emprunteurs, le coût de distribution est très élevé.
Jusqu’à présent, les impayés étaient peu élevés car bien souvent les emprunteurs étaient cautionnés par leur entourage ; en effet ces crédits (de faible montant) sont souvent accordés sur la base de la confiance qu’exprime l’entourage sur la capacité de l’emprunteur à entreprendre une activité donnée et pour laquelle il sollicite un micro crédit.
Oui donc pour une règlementation spécifique, et non à cette mesure unilatérale qui plombe sérieusement l’avenir du micro crédit en Inde.