Meilleur Film
Les nommés : L’arnacoeur, Des hommes et des Dieux, The Ghost Writer, Le nom des gens, Gainsbourg (vie héroïque), Mammuth, Tournée.
Mon favori : The Ghost Writer. S’il s’agit là de mon film préféré parmi les nommés, il paraît improbable que Des hommes et des Dieux ne remporte pas le César du Meilleur Film. Et je ne verrais rien à redire à la victoire du beau film de Xavier Beauvois.
L’oublié : La Princesse de Montpensier. Passage remarqué mais non récompensé à Cannes, score honorable sans étinceler au box-office… Le film enthousiasmant de Bertrand Tavernier n’a pas eu les éloges et la carrière qu’il méritait, et il est regrettable que les Césars n’aient pas rattrapé le coup, malgré les sept nominations possibles pour le César du Meilleur Film.
Meilleur Réalisateur
Les nommés : Xavier Beauvois (Des hommes et des Dieux), Mathieu Amalric (Tournée), Roman Polanski (The Ghost Writer), Olivier Assayas (Carlos), Bertrand Blier (Le bruit des glaçons).Mon favori : Xavier Beauvois. J’aurais dit Polanski, puisqu’il a réalisé mon film nommé préféré, mais le travail de Beauvois pour donner vie à Des hommes et des Dieux est tel qu’il est assurément le cinéaste le plus méritant.
L’oublié : Bertrand Tavernier, forcément. Le réalisateur plein de bouteille a prouvé avec La Princesse de Montpensier qu’il n’avait rien perdu de sa modernité et de son romantisme avec son remarquable film en costume. Qu’il soit oublié au profit de Bertrand Blier me révolte. Ouais, me révolte !
Meilleur Acteur
Les nommés : Gérard Depardieu (Mammuth), Lambert Wilson (Des hommes et des Dieux), Jacques Gamblin (Le nom des gens), Eric Elmosnino (Gainsbourg), Romain Duris (L’arnacoeur).
Mon favori : Voici une catégorie bien difficile à départager. A mes yeux aucun ne se détache franchement. Elmosnino livre peut-être l’interprétation la plus « performance d’acteur », mais les biopics me gonflent un peu, celui-là aussi. Lambert Wilson ne se détache pas de ses camarades dans Des hommes et des Dieux. Depardieu fait du Depardieu. Gamblin est bon, mais de là à dire qu’il est le meilleur acteur de l’année. Et si finalement c’était l’interprétation légère, physique, comique et inattendue de Duris, lui le multi-oublié des Césars, qui était cette année le plus méritant ?
L’oublié : Si l’absence la plus étonnante est certainement celle du déjà Césarisé Fabrice Luchini, réjouissant en 2010 dans Les invités de mon père et Potiche, celle qui l’est moins mais se révèle la plus injuste est sans conteste l’absence de Denis Podalydès, qui portait avec mélancolie et humour le méconnu Huit fois debout. Il paraît à peine concevable que Podalydès, l’un des tous meilleurs acteurs français depuis quelques années maintenant, n’ait été nommé qu’une fois, pour le César du Meilleur Second Rôle dans Embrassez qui vous voudrez il y a huit ans, et c’est tout.
Meilleure actrice
Les nommées : Isabelle Carré (Les émotifs anonymes), Catherine Deneuve (Potiche), Sara Forestier (Le nom des gens), Charlotte Gainsbourg (L’arbre), Kristin Scott Thomas (Elle s’appelait Sarah).
Ma favorite : N’ayant pas vu Elle s’appelait Sarah, pas de Kristin Scott-Thomas pour moi. Celle qui m’a fait le plus sourire et m’a le plus ému cette année, parmi les nommées, s’appelle Isabelle Carré, même si la fougue de Sara Forestier m’a séduit.
L’oubliée : Mélanie Thierry qui offrait une force et une délicatesse au rôle-titre de La Princesse de Montpensier de Tavernier.
Meilleur acteur dans un second rôle
Les nommés : Michael Lonsdale (Des hommes et des Dieux), François Damiens (L’Arnacoeur), Niels Arestrup (L’homme qui voulait vivre sa vie), Olivier Rabourdin (Des hommes et des Dieux), Gilles Lellouche (Les petits mouchoirs).
Mon favori : S’il y a bien un prix que l’on attend cette année, c’est celui qui va être remis à Michael Lonsdale pour son interprétation du frère médecin dans le film de Xavier Beauvois. Il va l’avoir, et il le mérite. Contrairement à Lambert Wilson, Lonsdale est l’âme du film, fort, tranquille, imposant sa présence dès qu’il est à l’écran. Dommage pour François Damiens, inénarrable dans L’Arnacoeur.
L’oublié : Christophe Lambert dans White Material. En ex-mari blasé et lucide, Lambert montre qu’il n’est pas qu’un acteur de direct-to-video, il impose son calme et sa présence avec tranquillité. Il y a quelques années déjà, je l’aurais bien nommé dans cette même catégorie pour Janis et John.
Meilleure actrice dans un second rôle
Les nommées : Valérie Bonneton (Les petits mouchoirs), Karin Viard (Potiche), Anne Alvaro (Le bruit des glaçons), Julie Ferrier (L’arnacoeur), Laëtitia Casta (Gainsbourg).Ma favorite : Mes deux préférées dans cette catégorie se trouvent dans des films qui ne m’ont pas emballé. Valérie Bonneton, électrique, survoltée, et clairement la meilleure facette des décevants Petits Mouchoirs. Et Karin Viard, secrétaire féministe du théâtral Potiche.L’oubliée : Marina Foïs, qui montre qu’elle peut être une excellente actrice dramatique dans L’homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau. En femme fatiguée de Romain Duris, Foïs est remarquable.
Meilleur Espoir Masculin
Les nommés : Grégoire Leprince-Ringuet (La Princesse de Montpensier), Raphaël Personnaz (La Princesse de Montpensier), Arthur Dupont (Bus Palladium), Edgar Ramirez (Carlos), Pio Marmaï (D’amour et d’eau fraîche).
Mon favori : Raphaël Personnaz. A mes yeux il écrase la concurrence cette année. Il brille devant la caméra de Bertrand Tavernier, il se montre virevoltant et séducteur, volant chaque scène où il apparaît, magnétique et très bon acteur, avec un petit côté Delon de la grande époque.
L’oublié : Olivier Barthélémy dans Notre jour viendra. L’un des acteurs de Kourtrajmé est en train de se faire une belle place dans le cinéma français. Face à Vincent Cassel, il est désarmant, inquiétant et surprenant. Il y avait largement de la place pour lui dans les nominations.
Meilleur Espoir Féminin
Les nommées : Leïla Bekhti (Tout ce qui brille), Audrey Lamy (Tout ce qui brille), Léa Seydoux (Belle épine), Anaïs Demoustier (D’amour et d’eau fraîche), Yahima Torres (Vénus noire).
Ma favorite : Anaïs Demoustier. C’est la seconde fois, après sa délicate interprétation dans Les grandes personnes, qu’elle est nommée au César du Meilleur Espoir, et elle le méritait déjà à l’époque. La jeune femme fait étale d’un naturel déconcertant et toujours juste devant la caméra, et figure parmi les plus talentueuses des jeunes comédiennes françaises.
L’oubliée : Géraldine Nakache dans Tout ce qui brille. Tant qu’à nommer Bekhti et Lamy, pourquoi laisser sur le côté Nakache ? Okay, ça aurait fait plus de la moitié des nominations pour la distribution d’un même film…
Meilleure Première Œuvre
Les nommés : L’arnacoeur, Gainsbourg (Vie Héroïque), Simon Werner a disparu…, Tout ce qui brille, Tête de Turc.
Mon favori : L’arnacoeur. L’académie a prouvé l’an passé qu’elle savait se montrer audacieuse dans ses choix avec la victoire dans cette catégorie des Beaux Gosses. Et finalement, il n’y a pas eu plus réjouissant cette année dans le cinéma français que l’énergie, l’humour, la fraîcheur et l’audace de L’arnacoeur.
L’oublié : Notre Jour Viendra. Méritait-il d’être nommé ? Bien sûr. Est-ce surprenant qu’il ne le soit pas ? Pas vraiment. Le premier film de Romain Gavras n’est pas franchement consensuel, ni dans la forme, ni dans le ton. Mais c’est son caractère détonnant, et ses qualités cinématographiques propres bien sûr, qui en faisaient un prétendant légitime. Dommage que l’Académie se montre frileuse avec ce film.
Meilleur Film Documentaire
Les nommés : Cleveland contre Wall Street, Benda Bilili !, Entre nos mains, Océans, Yves Saint Laurent – Pierre Bergé : l’amour fou.
Mon favori : Cleveland contre Wall Street ou Océans, aucun des deux documentaires ne m’ont profondément marqué, et ils sont les deux seuls nommés que j’ai vus.
L’oublié : L’épine dans le cœur. Il n’y a peut-être pas plus choquant dans les oublis que celui-ci. Non content d’être le meilleur documentaire de l’année, c’est un des plus beaux films toutes nationalités confondues de 2010. Un portrait des relations filiales tendre et déchirant. Une absence honteuse.
Meilleur Film étranger
Les nommés : Invictus, Les amours imaginaires, The Social Network, Illégal, Inception, Bright Star, Dans ses yeux.
Mon favori : Les amours imaginaires. Xavier Dolan est beaucoup trop talentueux pour son âge, c’est révoltant mais absolument indéniable et magique, à l’image de son second film, un pur moment de poésie cinématographique lorgnant du côté de Wong Kar Wai.
L’oublié : Je ne peux pas en vouloir aux votants de n’avoir pas offert de place à Breathless dans les nominations. En revanche, le Prix du Scénario cannois, Poetry, un des plus grands succès du cinéma d’auteur asiatique ces dernières années en France, pouvait légitimement prétendre à une nomination. L’américain A Single Man et l’espagnol Agora auraient également fait de beaux nommés.