Un site d’information en ligne a récemment évoqué une circulaire organisant une « discrimination positive » pour les enfants de harkis, comme s’il s’agissait d’une découverte doublée d’une information capitale, tout en nous apprenant que les enfants de harkis constituaient à eux seuls une communauté. Peut-être le véritable scoop est-il là ?
En tout cas, si « discrimination positive » il y a, elle ne profite guère aux enfants de harkis, qui méritent malgré tout, au regard de leur histoire, un effort particulier de l’Etat.
De la poudre aux yeux
La prétendue « discrimination positive » pour les enfants de harkis n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux, un effet d’affichage pour s’attirer leur sympathie et leurs voix. En réalité, elle n’aura aucun effet sur les enfants de harkis, qui ont aujourd’hui entre 40 et 60 ans et peu de chances d’intéresser les employeurs. De plus, seuls les contrats aidés sont concernés (autrement dit des contrats destinés à tout citoyen rencontrant des difficultés sur le marché du travail : chômeurs de plus de 50 ans, bénéficiaires du RSA, de minima sociaux, etc…).
Par ailleurs, les emplois proposés, très peu qualifiés et limités, n’attirent pas les foules, réduisant d’autant l’impact de cette « discrimination positive ».
Enfin, par expérience nous nous méfions et doutons des mesures spécifiques qui nous sont servies depuis des lustres sans aucun résultat.
Un parcours chaotique qui justifient des mesures exceptionnelles
Sans vouloir remettre en cause le principe d’égalité, cette « discrimination positive » peut parfaitement se comprendre et se justifier au regard du parcours dramatique des familles de harkis, qui ont connu la guerre, les massacres, l’injustice, le déracinement, l’abandon de leurs familles, la spoliation, la misère des camps de transit et des conditions sociales misérables et indignes de notre pays.
Ne pas admettre ce « coup de pouce » aux enfants de harkis, c’est méconnaître leur histoire, leurs souffrances et leurs handicaps : pour la plupart, illettrés et déjà âgés à leur arrivée en France, ils ont accumulé trop de retards pour avoir une scolarité normale et accéder à des emplois qualifiés et à la réussite économique et sociale.
Discrimination positive ou égalité des chances ?
En l’état actuel des choses, on ne peut parler de « discrimination positive », mais seulement d’égalité des chances.
Mais si l’Etat voulait vraiment aider les enfants de harkis à travers des mesures de « discrimination positive » et autrement qu’en catimini par une simple circulaire, il devrait se donner les moyens de son ambition. Et s’il manque d’idées, nous avons des suggestions.
D’abord, inscrire dans la Constitution la discrimination positive pour les enfants de harkis, comme cela a déjà été fait dans d’autres domaines : listes électorales, conseils d’administration des entreprises, emplois réservés….
Ensuite, permettre à des enfants de harkis d’accéder à des postes à responsabilités dans les ministères, les services déconcentrés de l’Etat et les entreprises et les établissements publics.
Enfin, réparer une injustice vieille de 50 ans : reconnaître sa responsabilité dans le drame des harkis et donner le statut de victimes de guerre à leurs enfants, synonyme de droit à indemnisation et d’avantages en matière d’emploi.
En tout cas, il est fort dommageable de réduire les enfants de harkis à une communauté et de les montrer du doigt, alors qu’avant tout ils sont Français et méritent bien plus qu’une simple circulaire au regard de leur histoire.