Alors que tous les indicateurs montrent un rejet croissant des OGM en Europe, et que la résistance citoyenne est au plus haut, la Commission européenne reste sourde et joue le jeu de l’industrie agro-chimique. En effet, les Etats membres ont validé hier sa proposition visant à autoriser une contamination jusqu’à 0.1% d’OGM non autorisés et non testés dans l’alimentation animale.
Dans l’opinion, comme dans les champs, les OGM reculent
Selon un rapport publié par Les amis de la Terre, la surface totale de cultures d’ OGM dans l’Union européenne a diminué pour la seconde année consécutive… Basé sur des estimations et des chiffres officiels, le rapport indique que la culture de plantes génétiquement modifiées est en baisse constante en Europe : – 23% en termes de surface cultivée en 2010 par rapport à 2008. Aujourd’hui, seulement 0,06 % des terres cultivées de l’Union européenne sont dédiées aux OGM, c’est-à-dire au maïs MON810 de Monsanto, et la pomme de terre Amflora de BASF.
La pression de l’opinion publique va croissante : ainsi, selon le sondage Eurobaromètre publié en octobre 2010 par la Commission européenne, l’opposition des populations de l’Union aux produits génétiquement modifiés a atteint 61% alors que moins d’un tiers des personnes interrogées pensent que les OGM un intérêt pour l’économie.
Rappelons également que plus d’un million de citoyens européens ont signé la pétition lancée par Greenpeace & Avaaz, exigeant la mise en place d’un moratoire sur les OGM.
La Commission européenne choisit de rester sourde et de siffler la fin de la tolérance zéro
Malgré ces indicateurs, la Commission reste sourde … ou choisit d’écouter l’industrie. Les États membres ont validé hier sa proposition visant à autoriser jusqu’à 0.1% d’ OGM non autorisés et non testés dans l’alimentation animale.
L’enjeu est considérable. L’Union européenne a importé 4 millions de tonnes de maïs et 33 millions de tonnes de soja ou équivalent destinés essentiellement à l’alimentation animale en 2008-2009.
Cette mesure concerne l’alimentaion animale et vise en particulier les importations de soja venant du Brésil, d’Argentine et des États-Unis. Elle vise notamment à éviter que des cargaisons entières soient renvoyées vers leur port d’origine après qu’y soient détectées des traces d’ OGM non autorisées à l’importation dans l’UE.
A présent, les OGM non autorisés, et donc non testés, mais qui font l’objet d’une demande d’autorisation dans l’UE depuis au moins 3 mois seront tolérés, sans AUCUNE garantie de leur innocuité.
Le principe du risque remplace le principe de précaution dans la politique européenne
En validant la proposition de la Commission, les Etats membres ouvrent les portes à la contamination génétique. Ils sont en train de perdre le contrôle de leur propre production alimentaire pour satisfaire les exportateurs américains. Le taux de contamination autorisé est aujourd’hui de 0.1%, mais il pourrait très bien être revu à la hausse dans les années à venir…
Le lobbying en embuscade : cette décision fait émerger le risque que les Etats membres subissent à présent des pressions du lobby pro-OGM pour autoriser ces contaminations dans l’alimentation humaine.
Pour Greenpeace un OGM qui n’a pas été testé en Europe ne devrait être toléré sous aucun pretexte !