La crise grecque du printemps 2010 a conduit l’UE, confrontée pour la première fois au risque de défaut d’un des pays membres, a mettre en place le Fonds européen de Stabilité financière (FESF) pour une durée de trois ans au-delà du prêt consenti à la Grèce. Le FESF est réservé aux pays membres de la zone euro.
C’est une structure de financement ad hoc pouvant mobiliser jusqu’à 440 milliards d’euros. Les ressources du FESF sont des titres de dette émis sur les marchés qui sont garanties par les États au prorata de leur participation au capital de la BCE.
L’UE avait, par ailleurs, mis à la disposition des 27 membres une facilité de prêt pouvant atteindre 60 milliards d’euros : le MESF.
Le dispositif FESF peut donc être « associé à des prêts accordés par le mécanisme européen de stabilité financière (MESF - dont le financement est assuré par des fonds levés par la Commission européenne et garantis par le budget de l'UE) à concurrence de 60 MdEUR
et par le FMI à hauteur de 250 MdEUR (soit la moitié des fonds mis à disposition par l’Europe). »
Mais, le risque qu’à terme, certains pays européens puissent procéder à des restructurations de leur dette publique continue d’inquiéter.
Ainsi, dés le Conseil Européen du 28 et 29 octobre 2010 il a été envisagé de mettre en place un mécanisme permanent d’aide aux Etats en difficulté MSE (mécanisme européen de stabilité), qui prendra le relais du FESF en 2013) qui prendra le relai du FESF lorsque celui-ci arrivera à son terme au bout de trois ans en 2013.
Lors du Conseil Européen du 28 et 29 octobre, le gouvernement allemand pensait que sur la base de ce mécanisme, il faudrait que les investisseurs privés supportent une part du coût de la venue en aide à un Etat en difficulté.
« Le jour de la Saint-Valentin, l'eurogroupe (les ministres des finances des 17 pays de la zone euro) sont parvenus à un accord provisoire au sujet de la taille du MSE (mécanisme européen de stabilité), qui prendra le relais du FESF en 2013. »
« FESF, quoi de neuf ? »
Dans une étude récente « FESF, quoi de neuf ? » du centre de Recherche Economique de BNP Paribas, Alexandra ESTIOT revient sur les différentes aides apportées au pays en difficultés.
Après le renflouement de la Grèce, les autorités européennes ont mis en place
un plan de sauvetage.
D’une grande aide pour l’Irlande, ces mesures n’ont pas pu empêcher la montée des doutes quant aux finances publiques portugaises.
Le plan est-il suffisamment ambitieux ?
Quelle sera la forme donnée à son successeur ?
Surtout, afin de mieux nous faire comprendre la méthode choisie par les pays membres Alexandra ESTIOT nous propose une très belle allégorie qui nous permet d’appréhender de manière fort subtile cet arrangement entre amis.
Le FESF raconté aux enfants
« Imaginez un groupe d'amis. Ils se sont rencontrés à l'université et sont restés proches. Au sein de ce groupe, il existe un noyau dur constitué par ceux qui ont des enfants et partagent davantage de choses. Face aux difficultés financières de certains, ils ont décidé de mettre sur pied un plan d'aide. Ainsi, si l'un d'entre eux a besoin d'une assistance financière, les autres la lui apporteront. Afin de ne pas mettre en péril la situation financière des contributeurs, ils ont décidé de créer une structure qui pourrait solliciter un prêt auprès des banques.
Le “fonds” ne pourrait obtenir aucun prêt de la part des banques à moins de bénéficier de la garantie du noyau dur de ses membres les plus aisés, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas trop endettés (Alysha, Faith, Francis, Andrew, Luka et Nathaniel). Chaque membre s'apparente de facto à un actionnaire et ses parts dans le fonds correspondent à une part de son revenu annuel. C'est cette capacité financière qui permet au fonds d'emprunter à un taux avantageux et de prêter l'argent à ses membres en difficulté. Le point essentiel est que les membres ne fournissent aucune liquidité mais engagent simplement leur “réputation”.
Le groupe des célibataires décide de recourir à une méthode différente en alimentant un fonds. Et au final, l'association des anciens élèves apporte aux membres en difficulté jusqu'à 50% des fonds obtenus via les deux premières sources. L'objectif de ce mécanisme est d'aider, de façon temporaire, les membres en difficulté à faire face à leurs charges mensuelles. En d'autres termes, il s'agit de leur fournir l'argent dont ils ont besoin pour leur éviter de perdre leur maison, en contrepartie d'une diminution drastique de leurs dépenses et/ou d'une augmentation de leurs revenus.
Pour l'heure, deux membres seulement ont bénéficié de ce mécanisme : Gary qui a perdu énormément d'argent aux jeux et Inès qui a effectué des investissements malheureux dans des banques irlandaises. Mais la situation financière de Priya ne semble pas très bonne. L’activité de son agence de voyages souffre d’une croissance structurellement faible. Elle continue de clamer qu’elle n'aura pas besoin d'aide mais elle est dans le déni. Et puis il y a Sébastien, qui possède lui aussi une agence de voyages et pourrait être confronté à un relèvement de ses taux d'intérêt en raison des problèmes rencontrés par Priya. Enfin, la pizzeria d'Isabella subit les conséquences de la mauvaise conjoncture économique, tandis que l'agence de traduction de Benjamin est très endettée.
Si vous avez compris cette histoire, alors vous comprendrez le fonctionnement du mécanisme mis en place par l'Union européenne suite au renflouement de la Grèce. »
Ceci est vraiment excellent !
On apprend qu’il existe un décalage entre les fonds annoncés et les fonds réellement disponible
et que cela pourrait expliquer les écarts de rendements exigés sur les obligations d’Etat à 10 ans.
L’incertitude faisant monter les spreads pour les Etats jugés comme étant en grandes difficultés financières.
Je vous laisse découvrir le détail de l'étude d'Alexandra ESTIOT ici page 12 à 14
http://economic-research.bnpparibas.com/applis/www/recheco.nsf/EcoWeekByDateFR/BFF74C119D9C4253C125783B00600B8B/$File/EcoWeek_11_07_FR.pdf?OpenElement