L’armement : ce marché qui ne connaît pas la crise

Le rapport de l’ONG suédoise SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), publié au mois de Février, est plus que clair. Le marché de l’armement se porte au mieux. Il représente aujourd’hui près de 400 milliards de dollars de chiffre d’affaire si l’on considère les 100 premières firmes productrices armes en tous genres. D’où sortent ces chiffres ? Que représentent-t-ils ? Quelles armes ? Sur quels marchés ? Voici quelques éclaircissements sur un secteur  d’activité plus qu’opaque, mais surtout, qui rapporte gros

Une croissance de 59% depuis 2002

C’est la croissance qu’ont connu les grandes firmes productrices d’armes. On retrouve en tête les grandes firmes américaines comme Lockheed Martin, Boeing, ou encore, General Dynamics. On remarque aussi, , et cela n’est pas surprenant,  de grands groupes européens comme EADS dont l’armement représente 28% du chiffre d’affaire ou BAE system, firme anglaise, qui a vendu pour plus de 23 millions d’euros dans le secteur de l’armement, soit 95% de son CA.

Ces chiffres sont des chiffres officiels (rapports, articles de journaux) qui ont été recoupés par l’ONG suédoise. Mais de quel armement parle-t-on ici ? Des AK47 ? Des avions de chasses ? Il est bien évident que ce marché est assez réglementé. EADS va par exemple vendre ses avions de chasse au moyen orient, lors du Salon de l’armement Idex qui s’est ouvert cette semaine à Abou Dhabi. « La réalité d’après crise, c’est qu’aujourd’hui, c’est clairement au Moyen Orient que se porte la plus forte croissance » a confié Hervé Guillou, PDG de Cassidian System, filiale d’EADS. Car avec le marché américain, le moyen orient constitue le principal débouché pour ses entreprises. La croissance serait ainsi du à l’augmentation de « services après vente » : ventes de services aux armées, comme des entrainements, ou services de sécurités pour les particuliers.

Voici pour la partie visible de l’iceberg. Car le classement n’est constitué que par des entreprises dont les chiffres sont accessibles, c’est pour cela qu’une bonne trentaine d’entreprises européennes y figure, mais pas une seule russe, chinoise, ou ukrainienne. Or ces pays sont connus et reconnus pour des productions assez massives d’armes…

La face immergée de l’iceberg

Certes, les firmes européennes et américaines représentent de gros Lobby, mais se concentrent essentiellement sur de gros contrats et sur le marché intérieur américain. Les réglementations européennes concernant les armes à feu chez les particuliers ainsi que l’absence d’une « culture » des armes, réduisent les meurtres par armes à feu dans une fourchette de 200 à 400 par an dans les pays européens. Ce chiffre passe à 11000 aux Etats Unis.

On évalue d’autre part à plus de 500 millions les armes  à feu, et ou de guerre en circulation. D’où proviennent-elles ? La réalité rejoindrait presque ici la fiction. « On estime à environ 550 millions le nombre d’armes à feu actuellement en circulation. Autrement dit, il y a un homme sur douze qui est armé sur cette planète. La seule question … comment armer les onze autres ? » . A ce demander si cette citation de Yuri Orlov, Américain d’origine Ukrainienne dans la fiction Lord of War, ne serait pas la réelle problématique des firmes hors classement…

P.B.