CHANT MATERNEL.
A mes deux filles.
Porter un enfant.
Dans sa chair.
Le fabriquer
avec son sang.
Le bâtir.
Au long fil des jours.
Le laisser
empiéter sur soi.
Devenir
caverne où il croît
porteur
d’une moitié de vous
et de la rencontre qui fut
et
de son propre devenir.
Sentir
cette sensation
chaude et pleine
d’être un abri
qui vous enfle et qui vous grandit
au propre comme au figuré.
Manger
ce que l’on n’aime pas.
Donner.
Se métamorphoser.
En une bulle d’océan,
en cosmos modèle réduit.
Rêver
tandis qu’il se construit.
Dans le secret de la fusion.
Dans le sacré
immémorial
où recommence
la magie.
Elaborer,
participer
tout en se laissant porter par
un dessein
bien antérieur,
bien postérieur
à votre corps.
Ne plus être
qu’intimité,
proximité,
douce chaleur,
double chaleur.
Transfigurée
par tout ce qui se trame
en vous.
Attendre
dans la soie des heures
dans la lumière au blond duvet
cet indescriptible moment
où vous le pousserez
dehors
et puis, aussitôt après,
où vous tomberez en amour
indéfectible de sa chair
potelée, et de son regard !