Même au sommet de l'Etat, c'est la crise
Quand un groupe de diplomates, hauts fonctionnaires représentant la France à l'étranger en vient à critiquer le chef de l'Etat, c'est que le malaise est profond dans le pays. Un groupe de diplomate a adressé au quotidien le Monde, une critique en règle de la politique extérieure du Président de la République. Ils considèrent que bien des erreurs ont été commises. Les signataires qui se regroupent anonymement sous le pseudonyme de Marly sont des responsables en activités, d'autres à la retraite, se déclarant de générations différentes et de sensibilités politiques variées. La critique à l'encontre de Sarkozy est extrêmement sévère car les diplomates l'accuse de n'avoir pas pris en considération les analyses faites dans les pays arabes en crise par le personnel diplomatique. A ces accusations ils ajoutent que "le Président n’apprécie guère les administrations de l’Etat qu’il accable d’un mépris ostensible et qu’il cherche à rendre responsables des déboires de sa politique". Face à ce constat, le collectif estime qu’"il n’est que temps de réagir". Et pour cela, disent-ils, "nous devons retrouver une politique étrangère fondée sur la cohérence, l’efficacité et la discrétion".
C'est sans doute du jamais vu dans l'Histoire de la République que des diplomates sortant de leur obligation de réserve s'en prenne de la sorte au Chef de l'Etat. Le ras le bol est à son comble dans beaucoup de cercles dirigeants. On l'a vu chez les juges et l'ensemble de la magistrature. C'est aussi le cas dans les armées où de nombreux gradés n'ont pas du tout apprécié l'application de la réduction des dépenses publiques dans leur Ministère et surtout la privatisation de certains services assurés jusqu'ici par les militaires. Les méthodes méprisantes et autoritaires de Nicolas Sarkozy correpondent à ses convictions : l'Etat pour lui coûte trop cher, il faut faire vite pour en liquider des pans entiers et rentabiliser ceux qui peuvent l'être. Les convictions de Sarkozy n'émanent pas des besoins de la Nation et du peuple, elles ne sont que la lamentable application du néo-libéralisme pour les intérêts de quelques privilégiés et en particulier la poignée de propriétaires et dirigeants de quelques multinationales qui pillent et exploitent les peuples sur la planète.
Non Sarkozy n' a pas fait d'erreur d'analyse concernant les pays arabes, il a soutenu les tyrans jusqu'à l'ultime minute parce que ces criminels ont été installés pour mâter leurs peuples jusqu'au bout pour le plus grand profit des firmes capitalistes, et que les solutions de rechange ne sont pas du ressort de l'Elysée mais de Washington. C'est peut-être aussi cela qui agace les diplomates qui ont été formés à l'idée d'une certaine grandeur de la France. Une idée que le capitalisme contemporain foule au pied, comme il écrasera de plus en plus toutes les valeurs morales et les idéaux démocratiques et républicains.