Cela me fait mal de le dire aujourd'hui, mais un album de Radiohead m'ennuie... pour la première fois. Et oui, j'avais pourtant encore adoré leur précédent, "In Rainbows", au son si chaud et rassurant mais que beaucoup avait négligé, en grande partie sans doute à cause de leur coup marketing de le proposer gratuitement en téléchargement sur le net. Depuis 1995 et leur classique pop "The Bends", Radiohead a marqué mon parcours musical en le jalonnant de disques indispensables, comme des pierres angulaires. Chaque nouvelle sortie apportait d'abord son lot de surprises et d'étonnement devant le virage artistique pris par la bande de Thom Yorke, puis d'adoration (et de vénération?) après seulement quelques écoutes. Ce "King Of Limbs", j'ai beau me le repasser indéfiniment, c'est toujours la même sanction qui s'impose : il est ennuyeux et froid. J'ai beau le retourner dans tous les sens, l'aborder de différentes manières : je n'y trouve pas d'accroche. Les guitares semblent avoir cette fois-ci carrément déserté la partie ou presque, la musique bifurquant dans les méandres d'un dubstep complètement désincarné, où même la voix de Yorke ne parvient plus à réchauffer et alléger l'atmosphère. Bien sûr, on est encore loin du disque "facile" et timoré comme peut l'être le dernier Arcade Fire par exemple. Radiohead continue malgré tout d'avancer, à sa manière, mais l'émotion y est pour une fois, comme absente. Comme si, subitement, la machine tournait à vide, l'inspiration devenait vaine, les mélodies ne décollant pour ainsi dire jamais. Ce n'est certes pas encore une raison valable pour ne plus les suivre de manière définitive - on n'efface pas si facilement plus de 15 années de vie commune si riches et intenses - mais assez pour marquer un coup d'arrêt dans ma relation jusque là sans faille avec le célèbre quintette d'Oxford. Clip de "Lotus Flower" :