Le programme de l’été confirme le retour de jours meilleurs.
L’examen du programme d’Air France pour la saison d’été 2011 constitue une excellente synthčse des tendances contradictoires propres au pavillon européen du transport aérien : retour de l’offre au niveau pré-crise de 2008, croissance forte sur le réseau long-courrier , beaucoup plus mesurée sur les lignes moyen-courriers et franchement modeste sur le réseau intérieur. La compagnie n’évoque pas encore les inquiétudes nées de l’agitation géopolitique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient tandis qu’on devine qu’elle observe d’un mauvais œil la nouvelle envolée du prix du pétrole. Ce qui revient ŕ dire que les grands thčmes de discussion des prochains mois sont déjŕ connus.
Inutile de s’étendre sur la fin de la crise conjoncturelle, sachant que tout a déjŕ dit ŕ ce sujet. On se contentera de noter qu’Air France, ŕ juste titre trčs prudente, et affaiblie financičrement par les déboires de 2008/2009, affiche aujourd’hui une belle confiance dans la poursuite de la reprise. Considéré dans son ensemble, le groupe Air France-KLM va accroître son offre en sičges/kilomčtres offerts de 5,7%, de 6,1% pour Air France considérée séparément. De nouvelles escales vont ętre inaugurées, notamment Orlando et Lima, initiatives qui confirment implicitement le retour de la confiance.
Détail remarquable, l’augmentation de l’offre est en partie la conséquence de la mise en œuvre d’avions de capacité accrue, Airbus A380 et Boeing 777. Ce n’est pas encore une tendance lourde mais il n’en est pas moins révélateur de noter, par exemple, que la ligne Paris-Montréal va se contenter ŕ partir du 22 avril de 20 fréquences hebdomadaires, et non plus 28, grâce ŕ l’apparition de l’A380, un gain d’efficacité évident. Parallčlement, ŕ partir du mois de juin, Washington sera desservie 14 fois par semaine seulement, et non plus 21 fois, également en raison de la mise en œuvre de l’A380. Des vols qui constitueront aussi une belle vitrine publicitaire pour Airbus, ŕ un moment bien choisi, et cela bien qu’Air France n’ait certainement pas ŕ l’esprit de telles préoccupations.
Le secteur moyen-courrier, en croissance de 2,1%, ne connaîtra pas de changements importants, la desserte de Cologne et Billund ne constituant évidemment pas de grands événements. Sur les lignes intérieures, l’augmentation de l’offre sera de 1,5%, chiffre remarquable, si l’on ose dire, dans la mesure oů une contraction n’aurait surpris personne. On note néanmoins un mouvement de recul sur Annecy, Marseille, Toulouse et Nice.
Il est difficile de tirer la moindre conclusion de telles retouches, le rapport des forces commerciales en présence étant plus que jamais mouvant, avec la poussée constante des compagnies low cost et, au plan intérieur, le grand dynamisme qu’affiche le réseau TGV de la SNCF. L’année derničre, les compagnies dites traditionnelles réunies au sein de l’AEA ont transporté 318 millions de passagers, ŕ peine deux fois plus que les compagnies low cost. En cette matičre, il y a un bon moment que la messe est dite.
Pierre Sparaco - AeroMorning