Où va la sitcom US?

Publié le 23 février 2011 par Mg


La sitcom à l’américaine a connu son apogée à la fin des années 90, entre les règnes de Friends, Seinfeld ou autres arrivées d’Arrested Development ou Malcolm au début des années 2000. Depuis, on cherche toujours la nouvelle référence de la comédie télévisuelle, faisant se succéder les séries reprenant les anciennes formules, ou celles tentant de créer de nouvelles choses. A ce petit jeu, ce sont surtout les dernières arrivées qui raflent les premières places.

Petit état des lieux en milieu de saison.

THE OFFICE – 7 SAISONS

La sitcom qui avait révolutionné le genre voici 7 ans a connu des hauts et des bas, parvenant quand même à se relever en 6e année avec beaucoup de bonheur pour les fans. Il faut dire qu’on aime Steve Carell, et que The Office a de forts liens avec le cinéma (d’ailleurs Will Ferrell va bientôt passer…). Il n’est donc pas étonnant de voir la série comme un laboratoire aux excentricités les plus folles, avant de croiser sur grand écran l’un ou l’autre de ses protagonistes. Ceci dit, la 7e année est passablement ennuyeuse, comme si l’annonce du départ de Michael Scott (Carell) un peu prématuré avait coupé toute envie de faire tourner la boutique. On voit bien que les efforts sont mis pour redonner du sel à l’ensemble, mais rien n’y fait… On n’accroche plus.

HOW I MET YOUR MOTHER – 5 SAISONS

HIMYM pour son petit nom, c’était la série rassurante, la suite indirecte de Friends, et donc dans nos petits coeurs de fans l’envie de retrouver un vieux bout de canapé entre potes à Manhattan. Mais il était difficile de construire une vraie série avec trop de références à l’ancienne, et malgré un personnage hors norme (Barney), le reste n’apportait finalement pas grand chose. Après trois années très sympathiques, on restait sur notre faim. La saison en cours redresse difficilement la barre, essayant de reprendre le chemin de départ, mais on reste dubitatif… Retrouverons nous le ton et l’efficacité des premières années? Réponse en fin d’année.

30 ROCKS – 5 SAISONS

Pure produit de la comédie new-yorkaise, 30 Rocks est une extension des émissions live américaine, formule à moitié parodique, moitié imagination délirante de sa créatrice, Tina Fey. Outre le retour d’Alec Baldwin au premier plan (Golden Globes en poche…), la série se veut l’héritière des Woody Allen ou Seinfeld, avec un fort rapport au showbiz, et un double rôle moteur autour du couple vedette, sans s’épargner d’égratigner les politiques ou l’actualité. 30 Rocks, c’est un peu la tribune d’expression de Tina Fey, et le ton reste identique depuis des années. Une dose qu’on peut apprécier, semaine après semaine.

THE BIG BANG THEORY – 4 SAISONS

Véritable succès critique et public (des audiences records, un Golden Globes…), The Big Bang Theory n’avait pas la formule magique : une bande de vrais geeks, scientifiques, gamers, lecteurs de comics et multi référencés, face à une jeune ingénue blonde un peu idiote. Série donc s’adressant aux jeunes d’aujourd’hui, elle est la preuve qu’on peut creuser dans le sillon geek sans épuiser le public. Tout comme HIMYM, la série se repose sur son personnage principal, Sheldon Cooper, véritable trublion comique pince sans rire et premier degré, sans tomber dans le même piège. Actuellement, Sheldon est un poil en retrait, et ça ne se sent pas trop. Mais la série n’apporte que peu d’évolutions, ayant complété avec intelligence son casting en apport féminin (merci), sans pour autant prendre de risques.

MODERN FAMILY – 2 SAISONS

Sorte de Desperate Housewives du rire, Modern Family est la bombe comique de 2010. Trois familles, en réalité une seule dans trois maisons, et des situations burlesques filmées façon The Office, en docu-réalité. La force d’acteurs excellents (Ed « Al Bundy » O’Neill en tête), on parle du quotidien, entre écoles, action de quartier, repas de famille… Un postulat de base ultra classique pour mieux déraper sur la suite, Modern Family est un peu l’héritière des soaps et sitcoms classiques, tout en étant très piquante et moderne. Une vraie réussite à tout point de vue.

COMMUNITY – 2 SAISONS

La découverte, la vraie. Community est un laboratoire comique vivant. Après avoir hésité pendant une demi saison, essayant maladroitement de coincer la série sur la relation romantique entre les deux personnages principaux, les scénaristes ont changé leur fusil d’épaule, et cassé le rythme de la série. Désormais chaque épisode se consacre à la bande d’élèves principaux, ponctués de seconds rôles hilarants, et tout devient possible. Sans dévoiler les rebondissements, Community offre des épisodes concepts, avec un peu de suivi entre chaque, où on s’embarque dans une aventure extraordinaire pour 20 minutes. La saison 2 explose encore tous les codes du genre, reprenant en plus grand public la folie d’un Arrested Development (sans le charme du casting d’AD…), et des références ultra-geeks, voir auto-référentielles (les personnages ayant quelques fois conscience qu’ils sont dans une série tv). Un vrai bonheur, si on s’accroche, et on espère la suite aussi réussite.

La sitcom US semble donc en pleine révolution, tentant de décrocher avec les liens du passé, essayant de se construire un avenir tout neuf. Si on commence à voir les plus anciennes s’essouffler, trop alourdies par les liens avec leurs aînées, ce sont bien les nouvelles séries qui semblent promettre de belles choses. Sans avoir un rapport exhaustif de la comédie US (on ne peut pas tout voir), le fossé semble se creuser entre série classique et série innovante. Difficile de savoir ce qu’il adviendra des premières, mais on mise certainement sur les secondes, voir les suivantes, pour assurer un avenir radieux.

Côté Europe, la France se débattait pas mal, un temps gouvernée par une alternance Un Gars/Une Fille, Caméra Café ou Kaamelott. Ayant moins de matériel à fournir, on attend toujours leur successeur, surveillant les nouveautés et ne validant pas après au moins trois saisons. Canal+, qui a connu la gloire bien avant (H, Blague à Part…), ne fournit plus grand rire. En Grande-Bretagne, c’est le grand mix, l’humour anglais fournissant des rires même dans des série très graves (Misfits). On est alors sur un autre terrain.

Et autres : The Simpsons, Robot Chicken, Family Guy, Parks & Recreation, Two and a Half Men, …