Je voudrais vous raconter ce que je ne sais pas. Vous dire que j'ignore tout de vous, et que c'est très bien comme ça. Vous interpeller sur la voie publique et vous interroger du regard.
Les gens qui ont des certitudes.
Je les envie.
Moi, je ne suis pas sûr.
Je suis un électron pas libre.
Je peux me forcer à être droit et clair.
Arborer une mine d'adulte.
Je peux aussi avouer ma perplexité.
Mon manque de compétence. Mes hésitations. Les boulevards m'indisposent, les chemins de traverse m'oxygènent. Les règles sont nombreuses, les peuples s'agitent.
Quand on ne sait pas, doit-on se taire?
Ce bloc-notes digital, à quoi bon?
Mes jours et mes nuits, égrénés, écoulés, acculés, regrettés.
Le compte à rebours du Luxembourg.
Vous ne savez pas ce que je veux dire.
L'art est une affaire sérieuse et très juteuse. L'art est-il moral? L'artiste est-il donneur de leçons? Ou bien doit-il plonger dans l'insondable trou noir, en espérant y voir clair? Sur quelle muse mise-t-il? Les soupirs dont il s'empare sont-ils pires que ses parts de marché?
Vous m'avez écouté chanter. C'est un très joli cadeau. La douceur de vos yeux. La poésie de votre voix.
Je suis le guide du labyrinthe, je vous entraîne dans des sentiers inconnus.
Je cherche mes pas. Je cale mes lunettes. Je compose et j'orchestre la sarabande de mon chaos.
Demain, demain, ou bien après-demaim.
J'essaie de m'affranchir de mes chaînes séculaires de la terreur.
Je tremble malgré moi. Mon angoisse tire plus vite que mon ombre.
Je voudrais vous faire croire à la vie, vous faire chanter comme un rossignol, vous emmener dans des prairies ensoleillées et vastes. Mais il y a la. lame froide et tranchante dans mon dos.
Bientôt, je n'écrirai plus. Peut-être me sentirai-je mieux. Ma voix sera banale et quelconque, mes mots seront creux, mon corps fatugué, mon esprit guéri, qui sait. Et vous savez quoi? La conclusion se fera attendre.