En effet, en effet ! littéraire sur les bords et de service, je m'attache toujours à chercher le sens des mots, parce que les mots ont un sens, comme un élément de compréhension. C'est le moyen de relier la recherche documentaire et la recherche expérimentale, aussi. Voici donc la notion de poids, et le mot poids, d'où vient-il ? Dare-dare mon dictionnaire étymologique, illico presto le tilf, pour une découverte qui fera tout un ramdam.
Un deuxième point, sollicite le sens immédiatement figuré de l'expression : la "chose que l'on pèse" est aussi la "tâche à faire" - le pensum. Eh ! oui... vous l'aviez vu venir, le voilà. Penser vient donc de pensare "peser, apprécier, évaluer". Stupéfait. Au fait, ne me direz-vous pas, mais je vous réponds quand même : la forme poids vient d'un rapprochement avec le mot pondus. CQFD.
Troisième point, on n'y coupera pas : au XIVe siècle apparait le mot panser "adoucir, calmer" par dérivation d'expressions telles penser de "prendre soin de, se préoccuper de quelqu'un", puis simplement penser quelqu'un, dont la graphie a évolué, pour la distinction sémantique, vers panser.
Résumons-nous :
La pensée est quelque chose qui pèse, la pensée est quelque chose qui apaise.
(je passe sur l'homophonie, qui ferait l'édification du plus incrédule des incrédules)
Tout cela n'a pas qu'un intérêt d'érudition (on s'en fout). Mais, n'ayant que trop ressenti chacune des deux propositions de cette phrase, cette origine commune m'est bouleversante. Oui, les pensées pèsent, et oui, elles rendent libre aussi. Je continue ? Je continue. Libre vient de liber, quand libra donne litre, livre, équilibre et signifiait "balance". Qu'un latiniste, éminent ou non, m'explique le rapport entre ces deux mots latins.
Ça suffit pour aujourd'hui. Et c'est ainsi qu'Allah est (très) grand.