C’est un fait indiscutable: l’emploi, et par conséquent sa négation – le chômage – est au coeur des préoccupations des politiques, dans la plupart des pays industrialisés. En France, les gouvernements successifs de droite ou de gauche se sont attelés, sans succès, à endiguer ce phénomène apparu au début des années 70.
Ces derniers temps, le lien entre chômage de longue durée et précarité s’est semble-t-il accru: nos sociétés autrefois riches s’appauvrissent peu à peu. Dès lors, toute idée un tant soit peu originale pour marquer quelques points contre la progression ou la stagnation de ce phénomène doit susciter de l’intérêt.
C’est dans cette optique que je me suis livré à la passionnante lecture d’Assureurs d’emplois, l’ouvrage écrit et publié par un polytechnicien, Bernard Houot. En voici une courte recension.
L’idée de Bernard Houot s’inspire du modèle « polder » qui a été mis en place ces dernières années aux Pays-Bas. Mais il va plus loin. Le principe est le suivant: plutôt que de souscrire une assurance contre la perte d’un emploi ou de toucher un chômage pendant x mois après la perte de son emploi, le salarié se voit offrir la possibilité de souscrire un contrat d’assurance emploi (CAE) auprès d’un assureur d’emplois. Un tel assureur est une entreprise privée qui rémunère ses adhérents en lieu et place de les sociétés où ceux-ci sont employés, à un niveau équivalent à celui d’un salaire normal quand le salarié est employé, mais à un niveau inférieur en cas de perte de son emploi, jusqu’à son poste suivant. Le salarié qui aura souscrit auprès d’un assureur d’emplois aura l’assurance de ne jamais cesser d’être rémunéré, car l’assureur d’emplois devra le payer jusqu’à la fin de sa période d’activé, où jusqu’à une séparation suite à une faute grave ou à la disparition de l’assureur d’emplois. Il s’agit donc de contrat à vie, qu’on peut dénoncer comme un contrat d’assurance, pour changer d’assureur. De son côté, l’assureur d’emplois bénéficie de privilèges comme l’exonération de charges: il ne finance pas Pole Emploi, puisqu’il prend en charge les salariés en période d’inactvité.
Je ne rentre pas plus loin dans la description du dispositif, de ses avantages liés à un modèle entre assurance et société d’intérim, et des arguments que l’auteur expose face aux éventuelles critiques que sa proposition pourrait soulever. Le livre de 150 pages se lit facilement, dans une prose très claire, et vous pouvez même télécharger le PDF sur le site de l’auteur.
La principale question que soulève à mon avis la proposition de Bernard Houot, concerne l’appartenance à une entreprise, l’esprit d’équipe que tout manager cherche à développer au sein de ses équipes. L’assuré d’emploi est rémunéré par son assureur, se sentira-t-il totalement fidèle à son employeur ,au même titre que les salariés hors du dispositif? Et qui se chargera de recruter: l’auteur imagine que l’assureur d’emplois procèdera comme une société d’interim, cherchera à placer ses adhérents et à recruter les meilleurs profils pour des missions. J’en doute. Si un tel système voit le jour – ce qui me semble une voie intéressante – il faudra que les salariés porteur d’un CAE puisse postuler de lui-même à tout poste, et qu’ensuite les RH de l’entreprise où il entre gèrent son profil avec la m^^eme transparence que les autres salariés.
En tout cas, voici une idée originale, que les politiques les plus audacieux devraient reprendre à leur compte…