La guerre de l'"Internet des objets" aura bien lieu...

Imaginez… vous sortez du lit, vous vous faites un bon café qui vous donne un terrible mal de ventre. Vous prenez une douche, puis rapidement votre peau vous démange, vous mettez le nouveau pantalon acheté la veille et vous constatez un accroc. Malgré tout ça, vous prenez vos clés de voiture pour aller au travail, mais pas de chance décidément… elle ne démarre pas. Aujourd’hui, votre premier réflexe serait de prendre un comprimé pour le mal de ventre, une pommade pour les démangeaisons, ou bien d’appeler votre garagiste, mais c’est tout ! Dans quelques années, vous aurez peut-être la tentation d’aller plus loin et de savoir qui est responsable du défaut de conception ou du mauvais conditionnement du produit … Rien de plus simple : il vous suffira de taper un code pour avoir accès à toutes les informations sur le café acheté, le gel douche, le pantalon mal conçu, et la voiture qui n’avance pas.
Tout ceci sera possible grâce aux puces RFID (radio identification). Ces puces intelligentes, qui existent déjà, sont vouées à être intégrées à chaque objet. Elles possèdent toutes les données concernant le parcours de l’objet en question, de sa conception à sa diffusion auprès du consommateur. Ces puces utilisent les ondes radios qui permettent aujourd'hui un transfert direct des informations du produit vers Internet. Cette technologie que l’on appelle l’ « Internet des objets » constitue un enjeu considérable. Le premier enjeu consiste à la mise en place d’un standard international pour que le système fonctionne dans le monde entier, car l’entreprise qui imposera son standard pourra acquérir une puissance économique considérable en créant une dépendance vis-à-vis de ses clients. Le plus gros client actuellement n’est autre que l’armée américaine, ce qui risque de placer les Etats-Unis en position de force pour définir ce standard. L’autre enjeu concerne la mise au point de serveurs racines pour permettre de coupler le RFID et Internet et là encore le seul serveur existant pour le moment se trouve aux Etats-Unis. Le danger est grand qu’il y ait alors un véritable contrôle des activités des entreprises européennes. Aussi, il y a un risque en matière de protection de la vie privée, lorsque l'on sait que les puces peuvent être positionnées sous la peau, pour faciliter les emprunts de livres dans une bibliothèque, ou encore pour servir de porte-monnaie électronique dans une boite de nuit (comme c'est déjà parfois le cas). Il est alors facile d'imaginer les utilisations abusives d'un tel procédé en cas d'absence de contrôle. Le gouvernement français a déjà défini les RFID comme un « puissant enjeu de souveraineté dans un contexte de guerre économique»... Pour se protéger contre les dérives, la France est à l’initiative d’un mouvement qu’elle veut européen pour la conception de serveurs racines européens et est déjà en train de construire un tel serveur sur le territoire. Il semble bien que l’Europe, cette fois, ait bien l’intention de ne pas laisser son « allié » américain seul aux commandes d’un tel potentiel aux conséquences économiques et éthiques si fortes. Heureusement!!
Jetez un oeil sur ce reportage de France 24 très intéressant qui retrace les enjeux du RFID