Journalistes, amoureux de la presse et passionnés de littérature, ce livre est pour vous. Le « Journal d’un Journaliste » est l’un des premiers - voire le premier - médias français à vous en parler. Notez-le !
Ce livre, c’est « Les Imperfectionnistes » de Tom Rachman, paru chez Grasset. Le pitch est assez simple : cela se passe à Rome dans la salle de rédaction d’un grand quotidien international imaginaire. On y croise, le correspondant à Paris, le reporter de guerre, le secrétaire de rédaction, la rédactrice en chef, le pigiste ou encore le préposé aux nécrologies. Bref, tout ce qui fait la vie d’un journal.
Tom Rachman nous raconte la vie de ce quotidien à travers les yeux des différents protagonistes qui ont tous des petites failles. C’est d’ailleurs cela qui les rend attachants et intéressants. Plus largement, le livre de Rachman se pose en autopsie du monde médiatique actuel. Un monde traversé par un manque criant de ressources financières, par une remise en question industrielle et structurelle suite à la révolution numérique, un monde enfin bercé par ses mythologies et qui ne voit plus ses errements.
Le livre de Rachman à travers ces « imperfectionnistes » qui ne réussissent pas grand chose est un constat pessimiste mais objectif sur la profession de journaliste traversée aujourd’hui par de nombreux doutes (voir le dossier ici que j’ai écrit dans CB News ) et de nombreuses remises en cause. Le livre en metttant en scène des journalistes ordinaires pris dans leurs contradictions est le livre de son époque. En effet, à la fin des années 70, Pakula filmait dans les « Hommes du président », Woodward et Bernstein qui se battaient pour la vérité et faisaient éclore le Watergate, aujourd’hui l’art représente les journalistes comme étant pris dans le tourbillon de leur époque et n’étant plus capables de faire, en partie, l’époque. Le prisme a changé. La focale aussi. Le regard sur ce métier est différent. « Le journal ce compte-rendu quotidien sur la crétinerie et le génie de l’espèce, n’est plus », dit à un moment donné l’un des protagonistes. Comme pour signifier que plus rien ne sera comme avant.
Voilà le premier mérite du livre de Rachman. Donner à penser sur le métier même de journaliste. Mais le deuxième mérite, et non des moindres, est de faire cela avec tendresse et humour. L’écriture du livre est épatante, virevoltante et drôle. Les dialogues sont ciselés et le lecteur même passionné de physique nucléaire y trouvera son compte. En effet à travers les personnages, Rachman met en scène une comédie humaine épatante. Celle-ci pourrait se tenir dans un hôpital ou un café. Ici, c’est dans un journal.
A lire donc. C’est l’une des bonnes surprises dans les premiers romans parus en janvier.
“Les Imperfectionnistes”, Tom Rachman, Grasset, 390p.