C'est un peu la tentative de la dernière chance. En état de « quasi-faillite financière », selon la préfecture, la copropriété de Grigny 2 vient d'être reprise en main par la justice. Le syndicat principal, qui fournit le chauffage et l'eau et entretient les espaces extérieurs de cette résidence de 5000 logements, a été placé sous administration provisoire par le tribunal de grande instance d'Evry.
Une tutelle qui intervient alors que le syndic Sagim, l'entreprise chargée de la gestion de la copro, est lui-même sous le coup d'une administration judiciaire depuis novembre. Le but d'une telle mesure, qui durera au minimum un an, est de redresser la barre d'une copropriété « qui, sans cela, allait droit dans le mur. On aurait pu craindre que les fournisseurs de chauffage ou d'eau décident de bloquer leur distribution », explique la préfecture, qui s'apprête à renouveler pour trois ans le plan de sauvegarde mis en place en 2001, une mesure rarissime dans l'habitat privé.Nichée au cœur de Grigny, la deuxième copropriété de France doit faire face à des difficultés financières majeures : près de 45% des copropriétaires ne payent pas leurs charges. Certains accumulent les impayés depuis des années. Résultats : au 30 septembre 2010, le montant de la dette cumulée flirtait avec les 6,82 M€, soit plus de 80% du budget annuel (quelque 8 M€) ! En France, seule une copropriété de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) connaît un déficit d'une ampleur comparable.
« S'il y a autant d'impayés, c'est qu'il y avait une très mauvaise gestion du syndic, qui pratiquait des charges abusives, comme le paiement de frais kilométriques intempestifs », indique une locataire qui ne débourse que « 70% des charges ». D'autres, comme ce couple croisé hier à Vlaminck, refusent de « payer pour des immeubles dégradés » et pour un chauffage dont le coût est 30% supérieur à celui des autres copropriétés.
Pendant ce temps, le déficit se creuse et les fournisseurs attendent le versement de près d'1,2 M€. Mais pour l'Association des responsables de copropriétés (ARC), la mise sous administration provisoire ne peut être « pleinement satisfaisante puisque les copropriétaires ne peuvent plus s'exprimer directement ». L'ARC vient de proposer un plan pour récupérer une partie des impayés : « On espère obtenir dans six mois près de 2 M€ par un processus social, amiable et judiciaire. » Restent pourtant de nombreux obstacles. Il risque d'être difficile de retrouver certains propriétaires, dont l'ardoise remonte parfois à plus de cinq ans, et qui ont quitté le quartier sans laisser d'adresse… Contactée, la présidente du syndicat principal a refusé de s'exprimer. D'autres gros syndicats pourraient reprendre le dossier (Lamy , urbania , foncia , immo discount, urbania , atrium ...)