Où sont les héritiers de Gide ?

Par Benard

depassouline

   Rien n’est moins évident que l’héritage d’un écrivain. Non les droits et les espèces sonnantes mais le legs moral, littéraire ou intellectuel assuré par un successeur ou un légitimaire comme on disait autrefois, qu’il se réclame du Maître ou que la critique de son temps puis les historiens de la littérature le désignent comme tel. Innombrables ont été les enfants de Maurice Barrès, mais peu osèrent lerevendiquer quand l’air du temps n’y inclinait pas. Modiano héritier de Simenon ? On l’a dit. John Le Carré dans la succession de Graham Greene ? Cela se défend, du moins pour le tourment de la trahison. Rien ne désarçonne les historiens de la littérature comme de ne pas trouver de filiation lorsqu’un jeune écrivain naît à la littérature. Il leur fait l’effet d’une météorite chue d’une planète inconnue; généralement, ils ne tardent pas à y mettre un bon ordre et à lui dégotter de prestigieux parrains pour peu que, pressés par ses interviewers, il avoue avoir lu les Essais de Montaigne et conserver un Musil plein de qualités à son chevet. Voilà pour les ascendants, mais la logique est identique pour les descendants.

   Et Gide ? Qui pour prendre la suite du « contemporain capital », ainsi que le qualifia André Rouveyre en 1924 ?Là, le patrimoine est trop important, trop divers, pour échoir à un seul.

Lire la suite : http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/02/22/ou-sont-les-heritiers-de-gide/