Omar Pene était l'idole des jeunes (il l'est encore) lorsqu'il officiait parmi le Super Diamono de Dakar, groupe majeur des années 70 en "concurrence"
directe avec le non moins exceptionnel "Super Etoile De Dakar" de Youssou N'Dour. Comme lui, il reste encore aujourd'hui l'un des artistes sénégalais
préférés de la diaspora (même si "You" a depuis nettement viré sa cuti et perdu de son ampleur). Passé maître de la chronique sociale de son pays (vous l'aurez compris), fidèle à ses valeurs et à
son "rôle" d'orateur populaire, il place les rythmes mbalax sur le devant de la majorité de ses productions.
A ce titre, les connaisseurs admettront que "Myamba" n'est pas vraiment l'album le plus représentatif de son oeuvre. Dans les rues de Dakar et d'ailleurs, il est plus fréquent d'entendre les
tubes qu'il a produits au pays (vous en aurez bientôt quelques échantillons) plutôt que ces morceaux, pas assez parlant pour beaucoup de sénégalais, et manquant quelque peu d'aspérité. Epaulé par
le producteur Olivier Bloch-Lainé, Omar Pene souhaitait parvenir à travailler sur ce qu'il appellera le "mbalax cool", un métissage de sonorités
entre Afrique et Occident orientant l'écriture vers un rendu plus "conventionnel", et surtout plus adapté à l'exportation du projet. Bien sûr, les sabars et autres djembés sont toujours présents,
mais l'esprit général change vraiment des habitudes du chanteur.
100% acoustique et très harmonieux, le dépouillé "Myamba" met l'accent sur les mélodies plus que sur les rythmiques frénétiques du mbalax traditionnel, et, disons-le, c'est mon principal "regret"
sur ce disque. Quelques embardés dans la conception auraient été les bienvenues, mais qu'importe, car loin de décevoir la majorité de ses adorateurs, il permettra surtout au public international
de découvrir cet artiste sans craindre de se trouver floué par la marchandise, ce qui reste non négligeable.
«On a mis du temps à préparer ce disque, car on cherchait une certaine couleur. Je suis ouvert et j’aime bien découvrir, mais on m’a toujours connu avec le Super Diamono et c’était très important
de garder notre cachet. On voulait changer tout en préservant l’authenticité de notre musique. On a fait plusieurs tests, on a travaillé dans une bonne ambiance. Je n’ai pas assisté à toutes les
étapes car j’avais des concerts, mais j’étais satisfait du résultat».