Le fumet de fin de règne qui flotte sur les rives sud de la méditerranée a sans qu’on s’en aperçoive atteint nos côtes. Du premier des ministres à celui des affaires étrangères en passant désormais par l’ambassadeur de France en Tunisie, les mauvaises manières ont pris le dessus. Les bad boys de la sarkozie jouent avec succès à dégrader l’image de la France. Et pour une fois, ils réussissent plutôt bien.
Après MAM la menteuse, François le faux cul, voici donc venu le temps de Boillon le mal élevé. Sur le papier glacé, en maillot de bain, le jeune diplomate présente bien. C’est quand il parle que ça se gâte, à croire que Nicolas Sarkozy l’a recruté à l’occasion d’un passage sur la dalle d’Argenteuil.
Le caïd Irakien fait un flop retentissant sous les palmiers de Tunis. Son arrogance n’impressionne personne surtout pas un peuple qui a expédié sans violences Ben Ali et sa claque, malgré leurs amitiés occidentales, jouer les dictateurs pickpocket sous d’autres latitudes.
Le problème d’un ambassadeur c’est qu’il ne lui suffit pas d’avoir un physique de play-boy, il lui faut aussi user d’un langage « diplomatique ». Mais là où M. Boillon passe, la diplomatie trépasse.
On ne conseillera que trop à ce bouillonnant quadragénaire de décrocher de la photo de Nicolas Sarkozy sans doute révérencieusement accrochée dans sa chambre à coucher. De la même façon on l’invitera à laisser ses lunettes de soleil dans un tiroir et son maillot de bain, un bermuda Boris oblige , bien rangé dans un placard.
La diplomatie est affaire de gens sérieux. Et les gaffes d’en haut imposent aux petits bras d’en bas d’être d’autant plus irréprochables. C’est injuste mais c’est dans la logique du Sarkozysme dont la devise ces derniers temps pourrait être : « ce n’est pas parce qu’on n’est pas irréprochable qu’on devient sanctionnable ». Vaste débat.
Le pitoyable Boillon traduit très concrètement l’abaissement national si souvent évoqué par Vincent Peillon auquel nous ramène immanquablement le sarkozysme.
Faux sentiment amical et vraie décontraction, le diplomate des tropiques reproduit la vulgarité au sens du parler commun si cher au Chef de l’Etat. Il n’a pas compris que le sens de l’Histoire avait des exigences. Qu’on attend dans un pays en pleine révolution autre chose de l’ancienne puissance colonisatrice que l’attitude déplacée d’un gosse mal élevé. C’est l’image de la France qui est aujourd’hui mise en cause.
A défaut d’avoir eu la distance suffisante, il conviendrait de mettre une distance entre la Tunisie et M. Boillon pourtant seulement en poste depuis le 16 février. La préconisation prend un tour sanitaire depuis que Canal + a ressorti de ses cartons un extrait du Grand Journal de novembre 2010, dans lequel l’ambassadeur défend le Colonel Kadhafi avec des termes pour le moins compréhensifs. “Kadhafi a été un terroriste, il ne l’est plus, il a fait son autocritique. (…) Dans sa vie on fait tous des erreurs et on a tous droit au rachat”, explique-t-il.
Le droit à une deuxième chance, Boris Boillon y a droit aussi. Mais dans une vie autre que celle d’ambassadeur. Tel n’est pas évidemment l’avis du Quai d’Orsay qui prend la défense de son émissaire à contre courant de la presse tunisienne qui parle de son côté d’une erreur de casting.
Question casting la réception en grandes pompes à Paris de Kadhafi il y a trois ans interpelle. Coincidence ou pas du calendrier, Nicolas Sarkozy lançait la même année le plan Alzheimer. Une maladie qui comme la surdité, sur mesure, peut s’avérer trés diplomatique.
France Inter saluait ce matin la promptitude du service communication de l’Elysée. Pendant la nuit les photos et vidéos de la compromettante visite du Colonel ont été supprimées du site internet de la présidence de la république.