Ça m'étonnerait, entre nous, que cette notion, la crise de la quarantaine, ait existé au XVIIIème. C'est notre époque riche en concepts foireux qui l'a inventée. Dites-moi si je me trompe, je n'ai ni le temps ni l'envie de faire des recherches là-dessus.
Bref: Casanova.« Plus j'avançais en âge, plus ce qui m'attachait aux femmes était l'esprit. Il devenait le véhicule dont mes sens émoussés avaient besoin pour se mettre en mouvement. »
Casanova écrit ça en 1770. Il a 45 ans. A Sienne, il vient de rencontrer une spirituelle marquise Chigi, qui a fait sa conquête, bien qu'elle ait 47 ans. Lui qui n'aimait que les tendrons!
Le soir, nouvel exemple. Un ami l'emmène dans une maison où il y a deux sœurs. La plus jeune, Térésina, est une beauté. L'autre s'appelle Maria Fortuna. Casanova est immédiatement rebuté par sa laideur. Mais elle fait des vers à ravir, elle épate notre poète, si bien qu'à la fin de la soirée, il se déclare amoureux de celle que la nature n'a pas gâtée.
Notons tout de même que tout ceci reste complètement platonique.
L'esprit triompherait du corps, donc? Rassurez-vous. Le vieux libertin, au fond, ne s'est pas calmé. Il précise, quelques pages avant: « Des fréquents soupers avec des filles très jolies éteignaient nos désirs avant même qu'ils eussent la force de nous faire soupirer. » Après, il est facile d'être sage, philosophe et vertueux.