La courtoisie au travail #3 - Le relou de service

Par Lisbeth_hugen

Bon alors, dans la série la courtoisie au travail voici le 3ème épisode (pour mémoire, le 1erest ici et le 2ème est là). Mais, dans le cas que je vais exposer ci-dessous, on n'est pas obligé d'être courtois parce que faut pas déconner, la courtoisie ça a des limites aussi! 

Dans notre entourage de travail, il y a différents types de relou: le relou qui se croit drôle mais qui ne l'est pas (t'es enceinte ou tu fais une crise d'aérophagie?!), le relou qui s'ignore (je suis désolé, je ne pensais pas que ça allait te déranger que je t'appelle dimanche à 9h pour te parler du dossier bidouillou), le relou stressé (est-ce que tu peux m'expliquer pour la 38956èmefois la procédure afin que je sois sûr d'avoir pleinement tout intégré et de ne pas merder en traitant le dossier pimpampoum), le relou fourbe (ah bon, je ne t'ai pas mis en copie de cet email hyper urgent qui fallait traiter avant la fin de la journée pour le dossier dudulle. Oups! Heureusement que je m'en suis occupé alors! Chef m'a d'ailleurs félicité pour ma réactivité), ou bien encore le relou qui se croit subtil. Aujourd'hui, nous nous pencherons sur ce dernier cas. Mais avant d'aller plus loin, je tiens à préciser, dans un souci de parité, que le relou peut tout aussi bien être un homme qu'une femme.

Alors, le relou qui se croit subtil... ne l'est pas (bien évidemment, sinon ça serait trop simple)! C'est le genre de personne qui au lieu de vous poser directement une question parce qu'il est en train de galérer sur un dossier, va essayer d'attirer votre attention en soupirant très fort. Le relou essaie ainsi de capter votre attention, sauf que, pas de bol, vous préférez qu'on vous interpelle directement.

Après cette tentative malheureuse, le relou ne va pas baisser les bras! Le relou est un individu coriace... Il va donc signifier son besoin d'aide en s'agitant de plus en plus sur sa chaise et en montrant, progressivement, des signes d'énervement (il peut, par exemple, taper du poing sur la table). Personnellement, ce genre de tactique m'énerve profondément. Dans ces cas-là, j'adopte la stratégie de la sourde à œillères (spécimen très rare) et je fixe, sans sourciller, mon PC. Mais le relou ne se laisse pas démonter, il continue ses stratagèmes en pensant qu'il fait preuve de tellement de subtilité que vous ne l'avez pas encore remarqué. Il se lève donc et commence à faire les cent pas dans votre bureau, l'air pénétré en se tenant le menton (on dirait un penseur mais dans la version discount du penseur, une version ratée quoi). A ce moment-là, le relou qui se croit subtil n'attend qu'une chose : que vous lui demandiez enfin ce qui ne va pas (Jean-Eudes, tu as un problème peut-être?). Sauf que merde, vous n'avez pas que ça à foutre et si il a quelque chose à demander, il peut le faire directement!

Mais attention, le relou a plus d'un tour dans sa manche! Il peut déployer une nouvelle stratégie : celle du parler pour soi (sauf qu'en fait il parle pour vous) : Mon dieu, mais que vais-je faire. Que c'est compliqué, ou la la c'est si affreux (non le relou n'en rajoute jamais). Je pourrais rappeler mais je vais encore tomber sur quelqu'un qui n'y connaitra rien (long soupir) Vers qui puis-je me tourner? La vie est si dure, je crois que je vais mourir. Comment puis-je m'en sortir avec un tel dossier? Après ce long monologue, le relou retourne à son bureau et se fige (il attend que vous prononciez enfin la phrase qu'il attend avec tant d'impatience : Jean-Eudes, tu as un problème peut-être?).

Si vous avez décidé d'arrêter d'être stoïque et d'enfin poser cette putain de question pour avoir la paix, attention, le relou peut se transformer en relou puissance 10. En effet, le relou qui se croit subtil version mignonne c'est celui qui va enfin poser sa question, vous allez lui répondre et cet épisode douloureux sera terminé. Le relou puissance 10, c'est celui qui en fait n'a pas besoin de vous mais il voulait simplement vous indiquer (subtilement) à quel point son boulot est dur, à quel point il est débordé, à quel point sa vie est horrible. Donc, en plus de vous avoir pollué pendant de longues minutes, vous êtes ensuite obligé d'écouter sa complainte. Dans ces cas-là, ma tactique est la suivante : je me retourne ostensiblement vers mon ordinateur et je prends l'air pénétré en regardant mon écran (même si c'est celui de veille), et si ça ne suffit pas je conclus par un cinglant : Jean-Eudes, même si tu sembles en être persuadé, tu n'es pas le seul à avoir du boulot. (Et si ça ne fonctionne toujours pas, vous pouvez toujours utiliser l'efficace : la ferme! Ou ta gueule! Ou même envisager le cyanure dans le café...)