Chien blanc – Romain Gary

Par Delphinesbooks

Un récit rageur, véritable appel à l’indignation.

(Il me fallait bien ça pour succéder à Fahrenheit 451.)

C’est un récit autiobiographique (mais est-ce que tout est vrai ?) écrit en 1968, alors que Romain Gary vit aux USA avec Jean Seberg.

On se retrouve plongés au milieu de la lutte des noirs pour leurs droits civiques avec l’assassinat de Martin Luther King en point de mire, la guerre au Vietnam, et en France, « mai 1968″. Romain Gary va nous faire part de ces évènements avec comme toujours son regard humaniste et profondément indépendant.

Il s’offusque car Jean Seberg donne sans compter aux activistes pro black, pour la plupart des personnes qui profitent ou qui sont carrément des infiltrés du FBI. Il s’offusque du racisme.

Il évoque aussi un chien, Batka, qu’ils ont trouvé et qui s’avère être dressé pour attaquer les noirs. C’est le chien blanc du titre. A travers ce chien, il nous parle de son amour des bêtes… et des hommes.

Ce que j’en ai pensé

Je suis une fois de plus conquise et subjuguée par l’écriture et l’intelligence de Gary. Il dénonce le racisme et plus largement la bêtise humaine. Et même si ce récit est parfois un décousu, je l’ai aimé car Gary nous parle ici de lui en tant qu’être humain, mari de Jean Seberg et écrivain avec toute sa sensibilité.

Son écriture à nulle autre pareille est pleine d’humour, cynique et surtout pas politiquement correcte.

Morceaux choisis

J’appelle « société de provocation » une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu’elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l’exhibitionnisme du train de vie, par la sommation d’acheter et la psychose de la possession[...]

[...] quand je me heurte à quelque chose que je ne puis changer, que je ne peux résoudre, que je ne peux redresser, je l’élimine. Je l’évacue dans un livre.

Je ne touche jamais ni à l’alcool, ni à la marijuana, ni au LSD, parce que je suis trop acoquiné avec moi-même pour pouvoir tolérer de me séparer d’une aussi agréable compagnie par le truchement de la boisson ou de la drogue. Mais je me soûle d’indignation. C’est ainsi d’ailleurs que l’on devient écrivain.

Je ne suis pas découragé. Mais mon amour excessif de la vie rend mes rapports avec elle très difficiles, comme il est difficile d’aimer une femme que l’on ne peut ni aider, ni changer, ni quitter.

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