Je reviens sur les « jeux » de l’interprétation que favorise une séance d’enregistrement en studio comme celle qu’on a faite samedi. Je repars de ce refrain que je donnais dans l’article d’hier. Les effets de voix sollicitées par Christian qui a posé de la musique sur les vers rencontrent parfaitement le commentaire littéraire que j’en ferais : repartons du refrain et examinons-le vers par vers :
Voix casse, peau casse, carcasse, mon homard a craqué.
Ta Kattie t’a quitté, c’est Zoé qu’a cassé.
Ma tronch’s’est allongée, mes dents ont barbelé,
C’est Zoé qu’a cassé, et Zoé m’a quitté.
Voix casse, peau casse, carcasse, mon homard a craqué.
Cette formule exaspérée, écorchée vive, est proférée par le malheureux héros de la chanson victime de ce que Françoise Dolto appelle dans son livre « le complexe du homard ». Elle est dite sur un débit rapide, haletant.
Ta Kattie t’a quitté, c’est Zoé qu’a cassé.
La référence à Bobbie Lapointe chère à Christian correspond à la moquerie mordante de l’opinion, le chœur (la meute) des ados qui « attaquent » sur un staccato particulièrement heurté.
Ma tronch’s’est allongée, mes dents ont barbelé,
Autodérision lancée à bout de souffle. Auto-portrait désenchanté qui fait plaisamment écho au hurlement du début de chanson (un hurlement de désespoir pour invoquer le nom de la responsable de tout : la souveraine et détestable Zoé...)
C’est Zoé qu’a cassé, et Zoé m’a quitté.
L’idée musicale, c’est de greffer à la chanson un passage de « dies irae » qui correspond sur ce vers à la déploration et au repentir... Peut-être une tentative de résolution de la crise par la voie religieuse !