« Branding vient du mot anglais brand (marque) issu lui-même du mot allemand brennen (brûler).
Signifie originellement la technique de marquage au fer rouge.
De nos jours le branding signifie davantage le « pouvoir de la marque » que le marquage au fer rouge au sens propre. Néanmoins il y a un lien : il s’agit d’asseoir la puissance d’une marque en l’associant à un ou plusieurs produits phares. L’appellation Branding est utilisée principalement dans le milieu du marketing et du design graphique. »
Wikipedia
Figure-toi qu’hier, avec mes amis de la Boîte (qui ne sont pas mes amis, à peine des collègues vu qu’on se croise peut-être trois fois par mois), on avait une réunion de branding.
Moi j’ai toujours été fan de westerns, et tant qu’à faire de westerns en V.O (je conchie avec une régularité de métronome la voix française de Clint Eastwood dans Le bon, la brute et le truand, et je trouve que celle de Lee Van Cleef donne bien plus l’impression d’appartenir à un sous-officier fétichiste de la Kommandantur quand elle speak english avec les violons d’Ennio Morricone qui pleurent en arrière-fond).
Du plus loin que je me souvienne (et mes souvenirs cinématographiques westerniens remontent à des soirées nems-fraises Tagada devant La dernière séance juste après l’élection de Mitterrand), le branding c’est le moment où des cow-boys velus du torse et puant la sueur et le cigarillo froid se mettent à sauter sur des vaches hystériques pour les plaquer par terre et leur cramer le cul avec un ustensile que même pas tu peux l’acheter par correspondance sur les sites sado-masos danois qui vendent des bergers allemands en latex et des poires à lavement réversibles.
Du coup, quand mon Big Boss a convoqué l’ensemble de l’équipe pour une réunion de branding, j’ai tout de suite pensé qu’on devait se pointer avec des costumes en latex et des fouets en cuir de crocodile, voire des couches-culottes pour adulte histoire de pimenter le truc.
Que nenni, bien sûr, comme me l’a expliqué ma collègue PDM (pour « Product Design Manager » et non pas « Pute Démoniaque et Machiavélique ») :
- Mais non, La Chose, il ne s’agit pas de faire des choses sales et répréhensibles ! Le but c’est de trouver des noms attractifs pour nos nouveaux produits afin que les futurs clients, ils aient vachement envie de se fournir chez nous plutôt que chez les bouffeurs de sauterelle de la concurrence. Il s’agit de leur faire miroiter tout un tas de trucs juteux rien qu’à travers le nom de ce qu’on propose, qu’ils aient l’impression qu’on va les transformer en Bill Gates.
- Et ça c’est pas sale et répréhensible ?
- Ta gueule, La Chose.
On s’est donc tous retrouvés dans un bureau qui ferait passer celui d’Obama pour une cabine de chiottes à la turque, avec trois cafetières pleines, et on a commencé à cogiter. Le Marketing Manager, qui est quelqu’un de très bien, a l’habitude d’écouter la radio pendant les réunions d’équipe. Alors en plus de lui-même, de la PDM, du MDM, du MPA et de mézigue, il y avait aussi Shakira qui hennissait en alternance avec la chanteuse aphone de Cœur de Pirate (mais des fois c’était Justin Bieber qui venait faire une imitation de Farinelli dans le poste, c’était très sympathique).
Big Boss: – Mettez vos bulbes de mollusques sur vitesse maximale, je lance le chrono, c’est parti. Le gagnant ne se fait pas virer, suis-je grand prince, des fois je me ferais presque chialer.
PDM: – C’est quoi l’idée générale qu’on veut faire passer ?
Big Boss: – Qu’on est les meilleurs et que Zorglub c’est une grosse bande d’enculés. En gros.
MPA: – On peut pas faire du comparatif rien qu’avec un nom de produit…
MDM: – Sauf à lancer la marque « Zwiip, le logiciel qui ne plante pas quand celui de Zorglub vous plombe ».
Big Boss: – Trop long.
La Chose: - « Zwiip » ça fait accessoire en plastique. On dirait un truc qui se dévisse, comme les cheveux des Playmobils.
Big Boss: – Ta gueule, La Chose.
PDM: – Ou alors « Klerg ». Y’a quelque chose de puissant, dans « Klerg ». Ca rappelle Thor et son marteau qui casse pas.
MPA: – C’est qui, Thor ?
La Chose: – « Klerg » c’est le bruit d’un type sous Diacetylcysteinate de Methyle qui expulse un glaviot.
Big Boss: – Ta gueule, La Chose.
MDM: – On pourrait insister sur la pérennité du produit. Quelque chose de solide, d’ancien.
PDM: – «Roc ». Solide comme Roc.
Big Boss: – J’aime.
La Chose: – « Roc » c’est déjà une marque de cosmétiques à base de phéromone de lapin et de peau d’anus de furet.
Big Boss: – Ta gueule, La Chose.
MPA: – Et « Trilili » ? Quelque chose de joyeux, quelque chose avec lequel vous êtes sûr de vous amuser et de ne pas vous prendre la tête, un logiciel ludique et facile à prendre en main…
La Chose: – A propos de prendre en main, « trilili » c’est un mot répandu chez les mômes.
Big Boss: – Et c’est quoi ?
La Chose: – Une bite.
Big Boss: – On oublie « trilili », je veux pas d’un procès de Familles de France. Bon, donc pas Zwiip, pas Klerg, ni Roc, ni Trilili. C’est la merde. Quelqu’un a une idée ?
La Chose: -Ben…
Big Boss: – Ta gueule, La Chose.
MPA: – Et si on s’inspirait de la concurrence ? De toute manière, tout le monde le fait. Il suffit de la jouer discret et de pas avoir l’air d’avoir trop pompé.
Big Boss: – ORGASME ! Sers-moi un café, lombric. C’est banco.
MPA: – J’aurai une prime ?
Big Boss: – Non, tu te touches. Appelle-moi le Board en visio-conférence et t’avise pas de moufter, sinon tu découvriras rapidement pourquoi le tourisme n’est pas la principale ressource de l’Ingouchie.
Et c’est comme ça qu’on a décidé à l’unanimité (vu que la voix de Big Boss vaut cinq divisé par le SMIC multiplié par ses stock-options, c’est une règle de calcul un peu compliquée et c’est pour ça qu’elle ne figure pas dans la convention collective) de rebaptiser notre nouveau produit « iBidule » et de lui accoller une poire, qui est le symbole de notre clientèle.
Après ça, si quelqu’un arrive à prouver qu’on a pompé, je lui paye une Mor Braz.
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