Mais Darren Aronofsky a su, encore une fois, nous faire sortir de chez nous, malgré le temps maussade et nous ramener dans les salles obscures. Ce réalisateur qui est devenu en moins de trois films un réalisateur culte (Pi, Requiem for a Dream, The Wrestler) nous propose cette fois une histoire fort intéressante sur la quête de la perfection.
Dès le début du film j’ai été transportée dans cette atmosphère de travail, rigueur et rêve de reconnaissance. Pour avoir déjà discuté avec des personnes qui ont eu une carrière dans le ballet, je trouve que l’histoire et la manière de la mettre en images se rapproche de la réalité. Dès le premier plan vous savez que vous allez en prendre plein les yeux. Cette première séquence qui traduit le rêve de Nina est un très joli travail entre la caméra et le corps humain (que ça soit de l’image ou du son) : claquement des os, respiration, voix. Ce film il faut non seulement le voir mais aussi l’entendre. La caméra probablement à l’épaule, un gros plan sur l’actrice, un mouvement centrifuge qui se met en marche et qui s’accélère petit à petit pour ne laisser que des plumes derrière…ce plan magnifique traduit toute l’histoire du personnage en une seule séquence.Le scénario en lui-même est très simple. Il s’agit de l’angoisse que tout le monde a pu avoir à un moment ou un autre dans sa vie : celui de réussir le rêve de sa vie. Quand vous êtes face à l’accomplissement du travail de toute une vie et tout prêt d’obtenir la reconnaissance ultime, de quelle manière faites-vous face à cette envie d’être parfait et aux rivalités de toutes sortes ? Jusque là, nous avions déjà vu à l’écran des destins brisés mais peut être pas aussi bien mis en abîme que dans ce film.C’est la mise en scène qui fait toute la différence. Cette manière de ne jamais lâcher son actrice, de la filmer toujours plus proche du corps, c’est ça qui finalement nous met mal à l’aise. Cette poupée en porcelaine si brillamment interprétée par Nathalie Portman, se brise petit à petit, non seulement psychologiquement mais aussi physiquement (attention ! âmes sensibles s’abstenir !) pour laisser place à une folie qui traduit le rêve de perfection.
Pour résumer : cefilm est inquiétant, dérangeant et en même temps… vous avez du mal à le lâcher une fois sorti de la salle. Non seulement vous avez en tête la musique de Tchaïkovski mais aussi l’image de Nathalie Portman en train de se briser pour devenir Black Swan.