Ceux qui lisent régulièrement ce blog savent que sauf surprise, si je voterai bien à gauche au premier tour, ce ne sera pas pour le candidat issu du parti socialiste. Pour autant, le nom du candidat qui sortira des primaires organisées par le PS ne me laisse pas indifférent. J'aimerai bien croire Jean-Luc Mélenchon quand il clame qu'il sera au second, mais l'objectivité oblige à dire que la défaite de Nicolas Sarkozy passe plus sûrement par le PS. Cela veut donc dire qu'à gauche, nous sommes tous concernés par les primaires socialistes. Pour autant, celui qui les remportera devra être capable de faire face à quatre urgences : battre la droite, rassembler la gauche dans l'objectif des législatives et pour gouverner ensuite, redonner confiance aux Français et enfin insuffler une politique plus juste et plus sociale. Qui parmi les personnalités pressenties donnerait le plus de garanties pour atteindre ces objectifs ? Pour essayer de voir, effectuons une petite revue d'effectifs portant sur les quatre principaux protagonistes.
Dominique Strauss-Kahn : A en croire les sondages, il serait le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy, même si l'histoire est là pour nous rappeler que le vainqueur des sondages à 15 mois d'une élection est rarement celui qui l'emporte au final. Pour autant, Mr Strauss-Kahn bénéficie de deux atouts : la volonté des Français de rejeter quoi qu'il arrive Nicolas Sarkozy, et le soutien sans faille de la machine médiatique. De fait, il est le candidat du système. Toutefois, c'est ce qui fait sa faiblesse, car s'il ne fait aucun doute que pour battre la droite au second, la gauche radicale fera bloc malgré tout derrière Mr Strauss-Kahn, les choses vont se compliquer dés lors qu'il s'agira de gouverner avec des élections législatives qui s'avéreront compliquées à gérer. En outre, il est évident que ce qui s'exprime actuellement dans le rejet massif de Nicolas Sarkozy, c'est la volonté d'en finir avec une politique économique libérale créatrice d'injustices, or Dominique Strauss-Kahn en tant qu'ancien ministre de l'économie du gouvernement socialiste ayant le plus privatisé, en tant que président du FMI, est l'homme qui représente à gauche cette politique. S'il était élu, ce qui à l'heure actuelle est crédible, rappelons-le, il ménerait peu ou prou la même politique qui nous conduit aujourd'hui dans le mur. Mr Strauss-Kahn serait donc le fossoyeur de la gauche pour longtemps. S'il est un candicat crédible, il n'est pas un candidat souhaitable.
Ségolène Royal : Disons-le d'emblée, de tous les candidats socialistes putatifs, c'est la moins crédible. D'abord parce que depuis sa campagne électorale de 2007 ratée (même si elle n'en est pas la seule responsable) elle a l'image de quelqu'un d'inconstant et d'incompétent. Cette image, probablement fausse, sera dure à gommer au moment du scrutin. Pour autant, elle présente quelques atouts, comme son ancrage dans les classes populaires ou la capacité qu'elle a de rassembler toutes les composantes de la gauche autour d'elle, comme elle l'a démontré aux élections régionales. Mais pour le reste, avec Mme Royal, c'est l'inconnu qui préside à un moment où les Français en ont justement soupé avec les politiques aventureuses.
Martine Aubry : En reprenant le Parti socialiste de façon contestable en 2008, personne ne donnait cher de la peau de Mme Aubry. Pourtant, elle a réussi l'impossible, à savoir remettre ce parti au travail, calmer les égos et en refaire un parti d'opposition crédible. Si Mme Aubry ne fait certes pas rêver les Français, elle a cette image de sérieux qui face à la drooite et à la montée du FN peut faire la différence. Avoir rassembler les socialistes la rend aussi crédible pour rassembler la gauche et la faire travailler ensemble après 2012. De même, les médias renvoient d'elle une image plus sociale et plus à l'écoute des classes populaires que Dominique Strauss-Kahn par exemple. En outre, s'il ne faut pas s'attendre avec elle à un bouleversement dans les choix économiques, on peut s'attendre à une gestion du pouvoir plus conforme à ce que les Français attendent. Elle est donc pour moi crédible comme future présidente, et faute de mieux, souhaitable. Toutefois, elle présente deux handicaps majeurs : tout indique qu'elle n'a pas envie d'y aller et qu'elle prépare le terrain pour Dominique Strauss-Kahn, ensuite elle est comme le président du FMI associée au gouvernement Jospin et au tournant libéral assumé par la gauche.
François Hollande : Il y a 6 mois, personne n'aurait pensé à lui. Pourtant, aujourd'hui il semble bien qu'il faille compter sur lui. Tout d'abord, il mène une campagne intelligente, une campagne de terrain, à l'instar d'un jacques Chirac en 1995. Pas forcément populaire dans l'ensemble de la population, il a cependant une très bonne cote chez les militants socialistes, qui sont souvent plus en phase avec l'opinion que la direction du parti. Capable de rassembler la gauche ? qui mieux que lui peut le faire aujourd'hui, il a bâti toute sa carrière politique sur cette image de rassembleur. Capable de redonner confiance aux Français ? Avec son côté bon vivant, homme du terroir qui s'astreint à rester proche des réalités des Français, il s'y emploie assurément. Capable d'insuffler une autre politique ? Une politique différente peut-être pas, mais une autre façon de faire de la politique, certainement. Vous l'aurez compris, si je devais choisir, François Hollande aurait probablement ma préférence (en ballotage cependant avec Martine Aubry). Même si son côté benêt renvoyé par les "Guignols de l'info" le dessert fortement, il a toutefois un grand avantage qui pendant une campagne électorale le servira : il n'a été d'aucun gouvernement.
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