Nicolas Sarkozy est d’une constance exemplaire. S’il y a du chômage dans ce pays, c’est la faute aux 35 heures, qui ont amoindri la compétitivité de la France. Il l’a répété ce jeudi soir sur TF1
sans fioriture… et sans contradicteur :
« Pendant que nos amis allemands amélioraient la formation et se battaient sur les marchés pour être plus compétitifs, dit-il, on a fait les 35 heures (…). Il y a eu décrochage de compétitivité
et vos usines ont été délocalisées ».
« C’est la raison pour laquelle j’ai ré-autorisé les heures supplémentaires », ajouta-t-il, se félicitant que « même en 2010 avec la crise », 750 millions d’heures supplémentaires aient bénéficié
à 5.300.000 salariés.
Une perte de compétitivité française ? Elle est introuvable, sauf dans les argumentaires patronaux. En témoigne le graphe ci-contre, tiré du bulletin de la Banque de France. La ligne bleu
turquoise, descendante, indique au contraire un gain continu de compétitivité prix de l’économie française face à ses concurrents de la zone euro. C’est seulement contre les pays extérieurs à la
zone euro que la France perd en compétitivité : le seul responsable, c’est l’euro trop cher.
Ces résultats n’ont certes pas été obtenus de la même manière. En France, on a partagé le travail entre la totalité des salariés : c’était le choix des 35 heures. En Allemagne, on a recouru
massivement au travail à temps partiel, qui est une forme de partage très inégal du chômage.
Lorsque la crise a frappé, les deux pays ont réagi chacun à leur manière.
Le gouvernement français, lui, a choisi de ne pas se déjuger. Il a continué à subventionner les heures supplémentaires. Ce dispositif n’avait pas été initié en 2007 seulement pour des raisons
idéologiques. Il visait, avecd’autres mesures, à freiner les embauches consécutives au papy-boom : sur le marché du travail, le rapport des forces devenait trop favorable aux salariés.
Mais avec la crise, cette politique fut prise à contre-pied et c’est le taux de chômage qui augmenta : 9,7% en 2010 en moyenne contre 6,8% outre-Rhin. Jamais un tel écart ne fut observé depuis
2000. (1) Bureau international du travail : Rapport annuel sur les salaires
2011 – Politiques salariales en temps de crise.
Source : PS Plateau Caux Cailly