Bon, disons le tout net, comme ça, ça serait fait, je considère les Talking Heads comme un des trois ou quatre plus grands groupes de l'histoire du rock. Rien de moins. Oui, je sais, cela peut paraître purement subjectif. Encore que. En tout cas, dès leur premier album paru en 1977, ils se démarquent déjà du reste de la production de leur époque. C'est sans doute une des raisons pour laquelle, aujourd'hui encore, ce "Talking Heads : 77" n'a rien perdu de sa fraîcheur et de son énergie communicatrice. Du funk blanc ? Du punk intello ? Personne ou presque n'arrive alors à leur apposer une étiquette. Leur musique est à ce moment-là, encore humaine, instinctive et directe. On parlera ensuite de post-punk et des formations comme Gang Of Four (dans une version plus "sociale") ou Devo (plus "asociale" ?) prendront la relève. Car, dès leur second album, le grand manitou Brian Eno viendra les épauler à la production et même à l'écriture. Ils y gagneront (encore) en originalité, allant vers sonorités africaines (qu'on perçoit déjà un peu en 77) ce qu'ils perdront en spontanéité.
Ce qui est aussi étonnant avec ce disque, c'est que toutes les meilleures chansons se retrouvent curieusement placées à la fin. En effet, à partir de "The Book I Read", c'est un véritable feu d'artifices, avec bien sûr le sommet "Psycho Killer" et son célèbre refrain surréaliste : "Psycho killer, qu'est-ce que c'est, fa-fa-fa... Better, run, run, run,... away". A l'écoute de tous ces titres, il semble toujours impensable de rester en place - les guiboles bougent frénétiquement d'elles-mêmes - et de ne pas chanter à tue-tête. "Talking Heads : 77", c'est souvent le disque qui me vient en premier à l'esprit quand il s'agit de me remonter le moral. Un signe.
"Psycho Killer" live en 1978 :