Rencontre avec Marc de Roussan
En peinture, la fin des cabanes à sucre?
Les paysages québécois ont la cote. Le déclin annoncé est loin de la réalité. Des peintures de paysages, il y en a depuis le début du siècle, aussi loin que je me rappelle. Et ça ne ralentit pas. C’est Marc de Roussan qui le dit. Expert et passionné de peinture québécoise, il a pris la relève de son père dans la publication d’un guide annuel sur les tableaux de la belle province.
Dominic Desmarais Dossier : Culture, Graffiti
Ce grand gaillard aux cheveux longs attachés est fin pédagogue. Il transmet sa passion avec une facilité déconcertante. Il a réponse à tout, son argumentation est lucide. En contact constant avec le milieu de la peinture, il avoue ne pas avoir entendu les galeristes se plaindre ces deux dernières années. En ce moment, il n’y a pas de crise économique. Le marché n’est pas en déclin. Le prix des tableaux continue d’augmenter d’environ 5% par année. Et que veut le marché? Des paysages. La vaste majorité, ce sont des paysages. Pas du contemporain, pas de l’abstrait.
Peinture et tourisme
Quand un galeriste voit qu’un de ses peintres vend facilement un genre de tableau, il lui en redemande. Le peintre est pénalisé, à toujours faire la même chose. Pour appuyer ses dires, il utilise l’exemple de Claude Théberge. Il peint des parapluies depuis 20 ans. Ça se vend, pourquoi ferait-il autre chose?
L’art urbain, nouvelle tendance?
Les jeunes d’aujourd’hui vont délaisser les paysages au profit du contemporain? Marc de Roussan n’y croit pas une seconde. Les gens vont simplement s’intéresser à la peinture à un âge plus avancé. Je ne suis pas sûr que les jeunes vont tripper contemporain. On ne se découvre pas un goût pour l’art du jour au lendemain. Il vient avec le temps. Le jazz, la musique classique, t’écoute pas ça à 10 ou 12 ans. Même chose pour la peinture. La sensibilité, ça se développe plus tard, à la trentaine.
Personnellement, il aime le message qui transpire derrière le graffiti. On reconnaît qu’ils ont quelque chose à apporter. La différence sociale est intéressante. Ce sont des alternatifs, dit-il en parlant des gens qui gribouillent les murs. J’aime beaucoup le côté attrait touristique qui peut se développer avec le graffiti. Si on remet l’art dans la rue, on donne l’occasion à Monsieur Madame tout le monde de se réapproprier l’art. Le passionné d’art refait surface. Les galeries, c’est pas jojo. La petite musique de Chopin, les gens bien habillés… Si je rentre, les gens vont me juger par la façon dont je suis habillé. Ils vont se dire: lui n’achètera pas.
La relève en peinture
Je parlais aux galéristes de la relève. On parlait des très jeunes peintres… Ils ont 40 ans. C’est ça la nouvelle garde. Il faut au moins 5 ans de travail assidu aux jeunes artistes avant de faire partie de cette relève.
Parmi les 3000 peintres répertoriés au Québec, Marc de Roussan chiffre de 200 à 300 les artistes qui vivent de leur art. Le professionnel va faire entre 200 et 250 tableaux par année. L’amateur va en faire un par mois. Il n’a pas besoin de ça pour vivre. Au nombre de tableaux peints par année, Charlevoix peut dormir sur ses deux oreilles pour un temps.
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