L’inspecteur Duffy et son assistant télépathe Wyler sont reçus par une commission spécialisée pour justifier de leurs actes lors de l’assassinat de Max Dufrère, président du conglomérat alimentaire Big Max, qu’ils devaient protéger. Néanmoins, et en raison des états de service exceptionnels de Duffy, la commission accepte de la garder en fonction pour lui confier la garde du président lors d’une représentation à l’opéra à laquelle celui-ci doit assister le lendemain. Mais le soir même, Duffy reçoit un bien mauvais présage…
Dans la continuité du tome précédent, ce second volume achève de nous présenter l’univers du récit tout en l’imbriquant à la narration proprement dite. Si la plupart des idées ainsi présentées restent dans les limites du convenu – du pain et des jeux pour mieux contrôler le peuple, en simplifiant – mais aussi du parallèle avec notre réalité que cette œuvre dénonce, l’un des axes de réflexion adoptés par l’auteur se montre sous un jour assez original. Car ce futur a en fait dégénéré sous l’emprise des démons dont le lecteur soupçonne l’existence depuis un certain temps : comme le Conseil d’Administration d’une multinationale, on les voit ici se réunir afin de déterminer quelle direction ils vont donner au monde.
![Sha_t2_illus1 Planche intérieure du second volume du comics Sha](https://media.paperblog.fr/i/418/4183376/sha-tome-2nd-soul-wound-L-_2i71k.jpeg)
On peut ainsi voir dans cet aspect de l’univers de Sha une dénonciation non d’une forme de machiavélisme inhérent au concept même d’entreprise et de marché, puisque cette idée reste bien trop simpliste et manichéenne pour convaincre vraiment, mais au moins une critique virulente de cette notion de darwinisme social – ou toute autre concept assimilable – qui a profondément altéré les rapports sociaux depuis plus d’un siècle (1) – et notamment à travers l’établissement d’une nouvelle forme de féodalité basée sur la richesse. Ici, ce système se voit comparé au mal absolu, ce qui ne paraît pas tout à fait déraisonnable en regard des maux qu’il a pu causer : la récente crise financière laisse peu de place à la discussion sur ce point…
Mais ce second tome se caractérise aussi par une certaine accélération dans le récit qui laisse notamment une place abondante à l’action dans la deuxième moitié du volume. Certains regretteront peut-être de voir l’histoire s’emballer aussi vite mais pour un scénario qui tient sur trois tomes à peine ça reste dans les limites du raisonnable.
La conclusion du récit, quant à elle, saura se montrer assez haute en couleurs.
![Sha_t2_illus2 Planche intérieure du second volume du comics Sha](https://media.paperblog.fr/i/418/4183376/sha-tome-2nd-soul-wound-L-PgJB53.jpeg)
(1) le lecteur soucieux d’approfondir se penchera sur le récent essai de Frans de Waal intitulé L’Âge de l’empathie (Les Liens qui libèrent, 2010, 330 pages, ISBN : 2-918-59707-4). ↩
Chroniques de la série Sha :
1. The Shadow One
2. Soul Wound (le présent billet)
3. Soul Vengeance (à venir)
Sha, t.2: Soul Wound, Pat Mills & Olivier Ledroit
Soleil Productions, octobre 1997
46 pages, env. 13 €, ISBN : 978-2-877-64648-2
- le site officiel d’Olivier Ledroit
- d’autres avis : Les singes de l’espace, NANOOK, Krinein Magazine, Blog Bazar