Le "sex friend" : la mascotte d'une société masturbatoire au défi du réel
Par Victor Vieilfault @Vic_Vieilfault
Le tout nouveau long-métrage américain "Sex Friends"
débarque sur nos écrans avec la belle Nathalie Portman. Le temps d'un film l'ambassadrice du charme hollywoodien enfile les parures de "l'amie sexe". Un comportement en forte expansion dans les
milieux bobos urbanisés, et porté par la démocratisation des réseaux sociaux du net qui apporte le "bon profil" à portée de clic.
Qu'est-ce qu'un sex friend ? Un partenaire avec qui je trouve un terrain d'entente pour coucher régulièrement et satisfaire mes désirs sexuels. Point. L'objet de
cette "coopération" n'est pas de construire une relation mais seulement de jouir de la présence du corps de l'autre.
Sous couvert d'un commun accord, cette pratique permet ainsi à certains individus de substituer un corps charnel au corps froid et plastique d'outils sexuels en
tout genre. Plus incarné, moins égoïste et plus généreux me diriez-vous. Si seulement...
Il y a tout juste un mois je publiais un billet traitant du dilemme relevant de notre rapport à la
liberté au niveau politique : souverainisme ou supranationalisme ? Culture nationale ou multiculturalisme ? Tout en constatant la glissade de notre mode de vie occidental vers l'individualisme et
le relativisme, je tentais de mettre lumière les atouts d'une approche orientée prioritairement vers l'altérité et l'unité.
En échos à cette réflexion, j'entends et discerne aujourd'hui les termes d'un débat sur le rapport au corps et à sa sexualité. Repli sur soi ou risque de la
rencontre ? Mirage d'une communion ou réalité d'un amour ? Les tensions qui lient notre âme humaine au corps charnel de l'homme et au corps charnel de la terre se conjuguent dans la même
réflexion philosophique et métaphysique de fond : croyons-nous à la communion ou à l'addition arithmétique des âmes et des corps ?
Posée autrement la question pourrait se formuler ainsi : croyons-nous en une dimension spirituelle de l'être humain ? C'est je pense l'interrogation cachée derrière
le caractère cru et violent de certains anathèmes balancés à la volée par des balieusards en quête d'identité : "vous d'toute manière avec vot' pornographie et vot' avortement vous pêchez tous
les jours contre Allah. L'homme n'est qu'un objet pour vous! Votre culture je m'assois dessus!". C'est en tout cas ce que l'on peut entendre à plusieurs reprises lorsque l'on pose le pied et le
coeur durant plusieurs mois dans une cité sensible de France.
En fait, depuis une trentaine d'années les influences à l'oeuvre dans notre société ont aseptisé et standardisé la relation et la rencontre. L'essor de la
pornographie a participé à la virtualisation croissante du plaisir sexuel. Quant à la pratique de l'avortement, en quittant les clous balisés du choix ultime, elle a développé l'idée selon
laquelle l'union des deux sexes pouvait se prémunir du risque du fruit à naître : l'enfant.
C'est à mon sens une dérive périlleuse qui banalise petit à petit dans les consciences et dans les coeurs l'expression charnelle de l'amour en un simple service
psychique, technique et hormonal. Le "sex friend" ne permet pas de sortir du cercle infernal de la masturbation classique, elle l'y plonge de façon encore plus pernicieuse en
instrumentalisant le corps d'un autre non plus indirectement via l'imagination mais directement via l'encastrement des chairs.
C'est faire montre de bien des condescendances et d'indifférences vis-à-vis de notre héritage chrétien que de laisser s'installer dans les moeurs ces usages
masturbatoires sans lendemain. Les logiques d'amour et de communion qui sous-tendent notre civilisation recèlent d'enseignements et de témoignages qui ne demandent qu'à être incarnés. C'est
d'ailleurs toute la grâce de notre culture judéo-chrétienne : relier le spitituel et le charnel pour combler le désir éternel de l'homme d'être aimé.
Face à l'impasse de l'intégration des nouvelles populations immigrées arrivées en masse depuis 30 ans, il va bien falloir que nous fassions tomber le masque de la
pudeur et de la légèreté. La culture que nous proposerons en France sera excitante et attirante si elle est charnelle et spirituelle.
Mousquetaire VV.