Granma, comme certains que je connais, tournerait la tête s’il voyait quelqu’un de proche acheter sur le marché noir un peu de nourriture.
Mais il engloutirait son assiette jusqu’à la dernière bouchée, sans demander d’où venait le morceau de pomme de terre ou la tranche de pain qui était sur la table. Ses éditoriaux en grosses lettres partiraient en cris, en slogans creux et en braillements quand il saurait que les voisins l’écoutent. Il appellerait très souvent à la délation et à l’intrigue. Ses reportages ennuyeux et triomphalistes deviendraient des paroles de conformisme lancées aux visages désespérés autour de lui. Le même journal qui jusqu’à ce jour n’a jamais publié une photo en couleurs, donnerait un être gris à la conversation ennuyeuse et aux colères irrépressibles. Il serait toujours à fouiner à la recherche des petites illégalités qui nous permettent de survivre et il les dénoncerait avec la même hâte qu’il met actuellement à publier dans ses pages attaques et mensonges.
Le « camarade » qui incarnerait Granma appartient à cette catégorie de gens, je ne sais pas vous, mais que moi je n’inviterais jamais à la maison.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY
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