Magazine Psycho

Angoisses et troubles anxieux de l'enfance

Publié le 17 février 2011 par Darouich1

Que sont les angoisses et les troubles anxieux ?

Durant l'enfance, les craintes et sentiments de peur sont choses courantes et font partie du développement normal de l'enfant. On parle de trouble anxieux lorsque l'angoisse exerce une pression telle qu'elle handicape fortement et durablement la qualité de vie de l'enfant et qui, à la longue, entrave son développement normal ou devient source de problème au sein de la famille ou d'autres domaines de la vie sociale (p. ex. école). Les principaux troubles anxieux recensés dans l'enfance et l'adolescence sont: la peur de la séparation, les phobies, le trouble anxieux généralisé et les troubles obsessionnels compulsifs.
Les attaques de panique, l'agoraphobie et les troubles de stress post-traumatique sont plutôt rares durant l'enfance si bien qu'ils ne sont pas spécialement traités dans le présent article.

Comment se manifeste l'anxiété ?

Les symptômes d'anxiété peuvent se manifester sous forme physique, psychique ou comportementale. Le tableau ci-après présente les symptômes selon ces trois catégories.

Symptômes physiques

Pensées angoissantes

Comportement

  • Palpitations
  • Sueurs
  • Tremblements
  • Maux de ventre
  • Maux de tête
  • Nausées
  • Ma mère est en danger.
  • Le chien va m'attaquer.
  • Les autres vont se moquer de moi.
  • Je n'y arriverai jamais.
  • Si je ne range pas correctement mes crayons, un événement grave se produira.
  • éviter la situation
  • pleurer
  • prendre la fuite
  • se cramponner
  • se taire
  • se figer
  • se tenir en retrait
  • devenir agressif

Troubles anxieux typiques de l'enfance et de l'adolescence

Peur de la séparation

Les enfants victimes de la peur de la séparation manifestent une angoisse démesurée lorsqu'un des parents, ou autres personnes qui leur est proche, doit les quitter. Ils ont peur de la survenance d'un événement tragique (p. ex. parents victimes d'un accident de voiture) qui pourrait entraîner une séparation définitive. Fréquemment ces enfants font tout pour éviter les situations de séparation avec la personne de confiance, p. ex. s'endormir seul le soir, rester à la maison avec une baby-sitter, rester seul à la maison durant la journée, passer la nuit chez des camarades ou aller au jardin d'enfants voire à l'école. Par ailleurs, il se peut que l'enfant rêve qu'il est, ou qu'il va être, séparé de sa mère ou de son père.

Les enfants victimes de la peur de la séparation se plaignent souvent de symptômes physiques tels que maux de ventre ou nausées.

Les phobies

Les enfants victimes de phobies ont une réaction de peur, durable et démesurée, face à certains objets, situations ou animaux qui ne présentent par eux-mêmes aucun danger potentiel. Les pensées de l'enfant se focalisent sur l'objet de leur phobie avec la conviction fréquente que la confrontation avec l'objet est physiquement dangereuse. La peur est telle qu'avec le temps les enfants concernés adoptent un réflexe d'évitement ou de fuite devant les situations craintes. Si la peur se réfère à des objets ou des situations spécifiques, on parle alors de phobie spécifique. Pour les enfants en âge préscolaire, les phobies les plus fréquentes sont: crainte face aux inconnus, peur de l'obscurité, peur de personnages imaginaires et peur des animaux. Les enfants en âge de scolarité ont de surcroît peur des tempêtes, de l'altitude et des orages. Chez les 12 à 17 ans, les peurs les plus fréquentes sont celles liées au sang, aux animaux, aux catastrophes naturelles, au vide et aux locaux peu spacieux.

Si les sentiments de peur surviennent en société, p. ex.: parler devant la classe, se rendre à une fête scolaire, on parle de phobie sociale. Les enfants concernés ont peur que l'on se moque d'eux, peur de paraître stupide ou que l'on pense du mal d'eux. Généralement les contacts sociaux de ces enfants sont limités car ils évitent les situations en groupe. Les indices de l'existence d'un tel trouble anxieux peuvent, p. ex., être le refus d'aller à l'école ou la pratique de hobbies atypiquement "solitaires" (p. ex. pratique excessive de jeux d'ordinateur).

Le trouble anxieux généralisé

Les enfants et adolescents souffrant d'un trouble anxieux généralisé se font, de manière incontrôlée, un souci disproportionné ou infondé sur diverses situations de la vie quotidienne. Typiquement ce sont des soucis relatifs à des choses bénignes telles que la ponctualité, se comporter correctement, être bon à l'école ou au sport, avoir beaucoup d'amis. Les enfants ont fréquemment besoin que les autres reconnaissent leurs aptitudes et les félicitent des performances accomplies ou les complimentent sur leur comportement. Ces enfants sont souvent victimes de symptômes physiques de tension tels que difficultés d'endormissement, ou à garder un sommeil continu, troubles de concentration, tensions musculaires, fatigue ou irritabilité.

Les troubles obsessionnels compulsifs

Les troubles obsessionnels englobent les pensées obsessionnelles et ou les gestes compulsifs. Les enfants frappés de pensées obsessionnelles pensent toujours et contre leur volonté à des choses qui leur font peur (p. ex. "si je ne souhaite pas une bonne nuit à toutes mes peluches, il m'arrivera du mal"). Les pensées obsessionnelles peuvent se classer en trois groupes: les pensées en relation avec les souillures et la contamination, celles relatives au doute et au contrôle et l'obsession du rangement et de la symétrie.

Les enfants victimes de compulsions se distinguent par un comportement ou un rituel répétitif qu'ils se sentent "obligés" d'accomplir afin de diminuer leur angoisse. Comportements typiques: rituels de lavage ou de nettoyage, contrôles répétés à l'infini, rangements et classements incessants, accumulation d'objets, comptage irrépressible. Les rituels compulsifs servent à diminuer les angoisses provoquées par les pensées obsessionnelles. Bien que les enfants aient le sentiment de contrôler leurs agissements, ils ne peuvent pratiquement plus s'en passer ce qui contribue à augmenter l'intensité des craintes (p. ex.: "il se passe quelque chose de tragique"). Souvent l'ensemble de la famille est entraîné dans la spirale compulsive de l'enfant. Par exemple, les enfants sujets à des compulsions touchant le contrôle et le rangement questionnent perpétuellement leurs parents à ce propos cherchant ainsi à se rassurer par la confirmation que tout est en ordre. Les membres de la famille doivent donc se plier aux rondes de contrôle ou doivent éviter de toucher certains objets appartenant à l'enfant.

Quelle est l'origine des troubles anxieux?

Une multitude de facteurs propres à l'enfant peuvent contribuer à la naissance et au maintien d'un trouble anxieux. Les enfants de tempérament timide ou farouche sont plus enclins à développer un trouble anxieux, mais d'autres facteurs liés à l'environnement direct jouent un rôle non négligeable. Personne de référence (modèle) anxieuse, événements traumatisants, redoublement d'attention de la part de la personne de confiance lors de comportement anxieux de l'enfant, parents eux-mêmes victimes d'un trouble anxieux et style d'éducation (surprotection, contrôle trop étroit). Le trouble anxieux se développe généralement en présence de plusieurs facteurs défavorables. Les interactions inappropriées entre parents et enfant contribuent à son maintien.

Comment traiter les troubles anxieux?

Les principaux objectifs du traitement des troubles anxieux sont: déterminer les déclencheurs et les symptômes de la crainte; les appréhender différemment; supprimer les comportements d'évitement et modifier les interactions parent-enfant inappropriées qui entretiennent les angoisses. A l'heure actuelle, la thérapie comportementale cognitive constitue le traitement le plus efficace contre les troubles anxieux. Pour les enfants de moins de six ans, la meilleure efficacité du traitement est atteinte par un travail principalement effectué avec les parents. En âge de scolarité, ce travail s'effectue aussi bien avec l'enfant qu'avec ses parents. On y utilise les méthodes de thérapie comportementale ci-après:

Transmission du savoir et interventions cognitives

Tout d'abord on donne à l'enfant des explications sur les craintes, angoisses et les troubles spécifiques qu'il ressent. Il apprend ainsi à reconnaître et à comprendre le lien entre ses pensées, sentiments et les symptômes physiques qu'il éprouve. L'étape suivante permet à l'enfant de déceler les pensées qui confortent les angoisses, de les évaluer, de les contrôler et de les modifier. Des idées et des formes de suggestion seront élaborées avec l'enfant. Elles l'aideront à surmonter la peur des situations génératrices d'angoisse. Pour cela l'autosuggestion (p. ex. "j'y arriverai", "je suis courageux", "je suis à même de m'occuper de moi lorsque je suis seul") contribuant à l'auto-efficacité de l'enfant est particulièrement précieuse.

Procédure de confrontation

Dans la confrontation, l'enfant est placé face à ses craintes et fait l'expérience que placé dans cette situation il ne lui arrive rien de grave et qu'en plus sa peur diminue. La confrontation peut avoir lieu sous forme de suggestion psychique (in sensu) mais aussi sous forme vécue (in vivo). Par la confrontation graduelle avec des situations génératrices d'angoisse de plus en plus intense l'enfant s'habitue petit à petit à affronter les situations craintes. Il est décisif de poursuivre la phase de confrontation jusqu'au moment où l'enfant a réellement expérimenté une diminution de l'angoisse. Il est également important que l'enfant ne puisse pas fuir ou éviter les situations sources de crainte. Les confrontations sont particulièrement fructueuses lorsqu'elles sont répétées à brefs intervalles et si, en plus, l'enfant peut s'exercer à affronter ces situations à la maison avec ses parents.

Motivation par la récompense

Les récompenses sont adoptées comme auxiliaire permettant de renforcer la motivation. Elles peuvent être de nature sociale ou matérielle (p. ex.: félicitations, excursion dans un parc d'attraction, permission de regarder la télévision, octroi d'une glace ou autre petit cadeau). Le comportement attendu est récompensé de sorte que l'enfant adopte de plus en plus souvent un comportement adéquat. Il est important que l'enfant soit récompensé conséquemment et immédiatement après le comportement attendu (p.ex. se comporter avec bravoure dans une situation qu'il craint). Si, dans une situation crainte, l'enfant réagit avec grande agressivité, la récompense peut être supprimée (p.ex.: raccourcir les séances de télévision). Lors de la suppression de privilèges, il convient de veiller à ne pas fournir d'autres commentaires à la mesure punitive, en revanche, il ne faut pas omettre de féliciter l'enfant en l'absence de comportement agressif.

Entraînement à la relaxation

Parmi les nombreuses techniques de relaxation (p.ex. training autogène, détente musculaire progressive, technique de respiration) il s'avère que la détente musculaire progressive est une technique particulièrement adaptée aux enfants. Par l'alternance tension - détente des différentes parties de son corps, l'enfant peut aisément prendre conscience de l'état de détente. L'entraînement à la détente est principalement utilisé lors de symptômes physiques prononcés mais aussi en cas de déficience de l'aptitude à se concentrer ou si les parents rejettent la procédure de confrontation.

Mise à contribution des parents

Lors du programme d'entraînement pour parents, ceux-ci apprennent:
- D'une part à modifier les pensées qui stimulent les angoisses et qui ne sont donc d'aucune utilité. Elles peuvent être, par exemple: "je suis une mauvaise mère ou un mauvais père puisque je suis incapable d'ôter la peur chez mon enfant." ou "les chiens sont réellement dangereux". La teneur de ces pensées est examinée (raison, véracité) puis corrigée en conséquence.
- D'autre part, les parents apprennent le comportement à adopter face à l'enfant placé dans la situation qu'il appréhende. Il est important que non seulement les parents encouragent l'enfant à surmonter son angoisse mais qu'ils abandonnent, le cas échéant, un comportement surprotecteur et surmontent leur propre angoisse.

Finalement les parents apprennent à appliquer des règles concrètes de comportement. Par exemple: ignorer le comportement peureux de leur enfant et encourager les comportements courageux, donner plus de responsabilité et d'autonomie à l'enfant et mettre en place un système de récompense et des règles de suppression de ces récompenses.

Faits

Près de 11% de la population enfantine souffre de troubles anxieux. Ce chiffre met le trouble anxieux au premier rang des maladies psychiques de l'enfance et de l'adolescence. Les troubles anxieux de l'enfance doivent être pris au sérieux car, non traités ils augmentent le risque que les victimes développent des troubles psychiques à l'âge adulte, principalement des troubles anxieux, des dépressions et des troubles de la dépendance.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Darouich1 166 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine