La réputation de Saint-Georges comme escrimeur est restée légendaire. L’histoire ne dément pas la Légende et reconnaît que cette réputation fut universelle et n’a jamais eu d’égale. Dans son ouvrage La Littérature des Nègres, L’Abbé Grégoire, janséniste rigide, tout en blâmant la frivolité des goûts de ses contemporains, ne nie pas l’éclat de la renommé du mulâtre guadeloupéen. «Quand Saint-Georges, cité comme : «la plus forte épée connue, devait faire des armes, la gazette l’annonçait aux oisifs de la capitale. Son fleuret faisait accourir tout Paris». L’ancien curé d’Emberménil, en Lorraine aurait dû ajouter… «et tout Londres». La gloire du Chevalier a été si haute que son nom personnifie le noble exercice des armes : l’escrime fut communément désignée : «l’Art des Saint-Georges».
Avec quelle frémissante piété, tous ceux qui ont écrit sur l’escrime (maîtres d’armes de l’époque, professeurs du milieu et de la fin du 19° siècle) évoquent sa prestigieuse mémoire : «L’homme le plus extraordinaire qu’on ait peut-être jamais vu dans les armes… qui a fait tant de bruit par la perfection qu’il y a acquise. (de la Boëssière)
«A ce nom, tous les fleurets s’agitent d’eux-mêmes. Chacun de nous s’incline devant la grande image du Chevalier Noir…» (Grisier). «La célébrité fascinatrice de ce nom magique fait rêver tout ce qui tient un fleuret» écrit à son tour Vigeant dans sa Préface de l’Almanach de l’Escrime, paru en 1889.
Avec quels accents vibrants ils rendent hommage à son éclatante supériorité et la célèbrent. Ils s’élèvent jusqu’au dithyrambe : «Saint-Georges,… l’incomparable… notre maître à tous, nous qui de loin cherchons à suivre ses traces… le modèle inimitable… le plus grand talent qui ait existé… celui qui n’a jamais trouvé de rival heureux …» proclame l’illustre professeur Grisier. «Saint-Georges, le tireur que pas un fleuret n’a pu toucher, dont le nom vivra…» affirme Ch. Maurice Descombes. Et Adm. Corthey : «…Saint-Georges, le plus fort escrimeur connu… cet homme à la fois lion et renard…». «Son don surnaturel le rendait presque invincible,» déclare Letainturier-Fradin. De la Boëssière le qualifia «d’inimitable» et de «phénix des armes». Henry Angelo, en termes définitifs, l’appelle «le Dieu des Armes».
On ne pourrait aller plus loin dans la voie de l’éloge, et exprimer plus fortement l’admiration suprême.
«Le comte tirait l’épée comme Saint-Georges.» (G. Sand)
Et c’est à ce personnage extraordinaire que le FESTIVAL INTERNATIONAL SAINT-GEORGES est consacré… Honneur et Respect comme écrivait Georges au Ministre de la Guerre BOUCHOTTE.
Et Gaston BOURGEOIS de poursuivre inlassablement :
Saint-Georges est sans contredit, le premier tireur des temps modernes. Il n’a pu être comparé qu’à cet autre prodige l’Ecossais James Crichton, communément appelé «l’Admirable Crichton» qui vécut au 16° siècle.
Aucun maître, aucun amateur ne fit jamais preuve d’autant de justesse, de vigueur de longueur de fente et de rapidité : ses attaques étaient une suite ininterrompue de coups portés, sa parade était si serrée qu’on entreprenait en vain de le toucher. Bref, il était tout nerf.
Lui qui avait reçu de la nature d’exceptionnels avantages, il possédait sous les armes, à un degré inimaginable, toutes les qualités : le coup d’œil, l’à-propos, une vitesse surprenante et extraordinaire, le jugement, la justesse, le doigté, le sentiment de l’épée. A la vigueur, à l’adresse, à la grâce, il joignait l’esprit.
«L’homme dont toute la science eût été dans ses muscles n’aurait pu atteindre à la même renommée que lui. Il y avait autre chose dans Saint-Georges que la force d’un Alcide du Nord ou du Midi. L’escrime sans esprit est chose triste et absurde…»
L’ouvrage de Darossy « Archives des Maîtres d’Armes de Paris» contient le fac-similé d’un brevet d’armes (Lyon 1820) portant l’effigie de Saint-Georges et la devise « Mars, Minerve favent laboris”. Sous l’effigie, les deux vers :
“L’adresse et la vigueur par la grâce embellies
Ont fait passer Saint-Georges à la postérité.»