Lettres à mademoiselle Brochu de Maxime-Olivier Moutier

Par Venise19 @VeniseLandry
Petite historique de lecture, ce mini roman écrit en 1999, réédité en 2007 m’a été donnée au Noël 2009, par nul autre que mon chéri, Marsi. Il se souvenait que j’avais lu et aimé du même auteur Les trois modes de conservation des viandes publié en 2006. Il se rappelait que je n’arrêtais pas de passer des commentaires, ce roman m’avait fait réagir. Et puis, plus rien de cet auteur, Wikipédia a été déjoué : " Après cinq ans de silence, Les trois modes de conservation des viandes aux éditions Marchand de feuilles marque le début d'un nouveau cycle d'écriture pour Maxime-Olivier Moutier ".
Si c’était le début d’un cycle nouveau, j’attends toujours la prochaine parution. C’est rare que je le fais mais j’irai d’un paragraphe « quatrième de couverture » : "Ce roman épistolaire moderne offre une histoire picaresque version compacte, un bric-à-brac d’émotions et de détails saugrenus, une sorte de miracle issu du ton qui porte cette histoire d’amour au charme acide".
Ce texte rend assez bien ce que j’ai lu, mais je vais quand même le traduire en langue Vénitienne ! C’est effectivement un roman épistolaire moderne, mais précisons à sens unique. L’auteur des lettres recevra une seule réponse qu’il ne daignera pas partager avec nous, ses lecteurs. Une histoire picaresque ? J’avoue ici avoir sorti mes dictionnaires. Picaresque : Qui met en scène des aventuriers espagnols. Euh ... je n'y ai trouvé aucun rapport. Je changerai donc le mot pour pittoresque. Version compacte, oui et j’aime beaucoup le forme et l’allure de ce mini roman. Il est irrésistible. La preuve en est que Marsi qui se laisse facilement enchanté par la forme a été séduit. Un bric-à-brac d’émotions et de détails saugrenus, alors là, je ne saurais pas mieux dire. Pour la balance de la phrase, je n’irais pas jusqu’à parler de miracle de ton, et j’augmenterais le ton acide pour parler de caustique. C’est rare de l'acidité pour chanter la pomme, de là le côté moderne. Pour 1999, c’était plutôt audacieux.
Cet épistolier, follement épris d’une certaine mademoiselle Brochu, dont on ne connaîtra l’identité qu’à la toute fin exerce le métier de garagiste. On apprend à connaître l’élue de son cœur à travers ses yeux de singulier personnage. Il maintiendra habilement le mystère sur l’élue de son cœur, ce qui rajoute de l’intrigue à cette intrigue amoureuse. C’est le fil qui nous retient en ces moments où de la lassitude s’infiltre dans ce qui devient une rengaine amoureuse. Reste que des lettres idylliques à un être qui ne nous répond pas finissent souvent par tourner un peu en rond. Il nous emporte sur les vagues hautes de son « éperdument amoureux », s'échappe de sa plume un délire si exubérant, qu’il en devient surprenant. Cependant, la chute s'avère aussi brutale que haute a été la vague. Il passe sans crier gare au mode dénigrement de son adorée. On aime haïr autant qu'on haït aimer.
J’aurais apprécié un peu plus ces lettres originales, pour leur impudeur cru, si je n’avais pas tiqué à la fonction de garagiste. Je n’ai pas cru que cet épistolier particulièrement doué, digressant sur un moteur d'auto d’une manière professorale soit un homme manuel aux mains luisantes de cambouis à la journée longue. D'ailleurs, il écrit même certaines lettres au garage. Il tient à mon avis un langage d’étudiant, de professeur, ou d’écrivain ...
Et le dénouement n'a rien fait pour diluer mon persistant feeling.