Marcel Theroux
Plon
296 pages
Résumé:
A la frontière d'un monde perdu et glacé, Makepeace - shérif d'une ville de Sibérie vidée de ses habitants - patrouille dans les rues désertes, sauvant les livres et les armes des décombres. Cette terre froide et inhospitalière porte les stigmates de la catastrophe qui a détruit le monde alentour. Mais c'est là aussi que Makepeace découvre des preuves de survie lorsque le ciel au-dessus de sa tête est pour la première fois traversé par un avion. Alors Makepeace prend la route, à cheval, les armes à la ceinture et l'espoir chevillé au corps. Ses pas laissent derrière eux l'empreinte de nos angoisses sur la survivance de notre civilisation mais sèment l'espoir, malgré tout, de la rédemption. La quête hantée et bouleversante d'un personnage qui explore, à travers un monde dévasté, le genre humain et la possibilité de sa fin. Au bout de ses pas, de son souffle, et de sa force, la fable renaîtra ou expirera avec Makepeace.
Mon commentaire:
Au nord du monde se déroule en Sibérie. Makepeace vivait à Evangeline, une petite communauté fondée par des Quakers. Ses parents ont voulu fuir la déchéance des grandes villes pour bâtir un monde nouveau. Au fil du temps, cependant, quelque chose a dérapé. Suite à un réchauffement de la planète, à l'augmentation de la violence un peu partout dans le monde et à cause d'une mauvaise répartition des richesses, le monde tel qu'on le connaît maintenant n'existe plus. Makepeace vit dans une ville désertée de ses habitants et tente d'y survivre. Son monde en est un de perdition...
Le roman de Marcel Theroux, un écrivain anglais dont c'est la première traduction en français, nous offre une sorte de western dans un monde glacé, dur, violent et impitoyable. Les hommes sont durs les uns avec les autres, seul l'alcool délie les langues et apporte un peu de compréhension entre eux. La hiérarchie est très importante dans le monde de Makepeace. Les plus forts soumettent les plus faibles. Le monde est un désert permanent sur lequel on chevauche pendant des jours avant d'apercevoir un quelconque signe de vie. La survie est au coeur de toutes les préoccupations et les différents survivants de la taïga sibérienne vivent isolés, en proie à la peur et parfois à l'espoir de quelque chose de mieux.
L'histoire nous est racontée par Makepeace, d'abord shérif dans sa petite ville, qui décide un jour de prendre la route pour suivre un avion aperçu dans le ciel. L'idée même d'un tel engin cause tout un émoi puisqu'il laisse sous-entendre qu'il reste une population suffisante, quelque part, pour l'avoir construit. À travers son histoire, on apprend par bribes la vie de Makepeace: l'arrivée de ses parents à Evangeline, leurs idéaux, sa jeunesse, sa famille, sa vie au village avant la catastrophe, ses souvenirs, l'école de police, sa rencontre avec Ping, son rapport à la religion. À travers son histoire, on apprend à connaître ce personnage particulier et l'on découvre la lente descente en 'enfer du genre humain.
Le roman est séparé en quatre parties différentes qui sont toutes des moments importants dans la vie de Makepeace. Après avoir vécu dans la ville désertée, Makepeace est arrêtée et emprisonnée. L'étranger demeure toujours une menace dans un monde où tout est survie et il n'est pas toujours bien accueillit. Makepeace découvre aussi la Zone, une ville abandonnée et radioactive, qui regorge de richesses suscitant l'envie...
Au nord du monde est un roman apocalyptique, froid comme la glace ou tout ne tourne qu'autour de la place de l'homme dans un monde qu'il a maltraité et qui à son tour, l'a abandonné. Les besoins essentiels sont au coeur de tout et les plus forts ont désormais une emprise sur les plus faibles ou sur les moins armés. L'histoire est assez intéressante et le monde créé par l'auteur donne le frisson. On espère qu'un tel monde n'arrivera jamais. Si la trame du roman m'a plu, puisque l'anticipation est un genre qui me fascine, j'ai trouvé par moments quelques longueurs. J'aurais également aimé que les livres, qui sont tant prisés et amassé par les villageois qui se sentent égarés dans ce monde hostile, prennent une signification plus importante dans leur vie. Pas seulement celui d'un objet que tout le monde semble accumuler sans jamais l'ouvrir.
Au nord du monde est tout de même un roman qui se lit bien, dont l'histoire réussit à garder l'intérêt. C'est un roman-catastrophe sur un monde perdu, qui ressemble par moments à un western glacé, teinté de violence, de sang, d'isolement, de travail et parfois, d'espoir. Un espoir qui ne dure cependant pas très longtemps, puisque dans un monde pareil, c'est souvent la loi du plus fort ou du plus débrouillard qui prévaut...
Quelques extraits:
"Oui, quelque part sur l'échelle des années, mes yeux se sont éteints avec le meilleur de moi-même". p.9
"Qu'est-ce qu'on a comme chance quand on ignore qu'on a de la chance". p.21
"Les choses ont une vie intérieure. On ne s'attend jamais à assister à la fin de quoi que ce soit. On ne s'attend jamais à faire partie des derniers." p.78